
Je me souviens d’une remarque qu’un vieil homme
m’avait faite il y a plusieurs années de ça. C’était le propriétaire d’un
immense terrain de campagne au bord duquel coulait une rivière peu profonde entourée
de champs et de forêts. Je lui avais loué pour une dizaine de jours un chalet
des plus rudimentaires : pas d’électricité, un peu d’eau froide coulant
par intervalle dans le robinet, un confort minimal. Mais un palace pour qui
adore la nature et la tranquillité.
Chaque matin je voyais le vieux passer lentement devant mon
« shack » pour aller rejoindre son champ de patates et l’entretenir. Une
routine sympathique partagée par les conversations d’usage, le temps qu’il
fait, comment va la santé, je marchais quelques fois à ses côtés pour aller
l’aider dans son travail.
Je lui dis un jour à la blague que ce serait intéressant si
nous pouvions dominer la température à notre guise au moment de nos vacances ou
pour aider les cultures. Je le vis réfléchir, puis en ricanant il me dit que ce
ne serait sans doute pas une bonne idée. Tout le monde chercherait vite à
imposer le climat qu’il faut pour son usage, sans vraiment penser aux autres. «
La chicane prendrait vite! »
Sûr qu’elle prendrait vite…
Comme la température, la réalité qui nous entoure est
multiple, complexe et disparate. Rien ne peut arrêter sa diversité et c’est
tant mieux. Chercher le contraire relève de l’utopie. Imposer le contraire
transforme le paysage en forteresses de murs de béton lisse. Un pas de plus et
c’est le règne de la pensée unique et de la tyrannie.
Nous n’aimons pas la chicane, je le comprends. Le refus de
l’intolérable, compréhensible aussi. Notre désir du bien commun est valable et
souhaitable, mais repose cependant sur une base très fragile s’il est imposé à
tous.
Pas de chicane, non, mais équilibre dans la diversité, oui!
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