30 novembre 2009

"Naître - Mourir"



Une très belle illustration de mon fils Mathieu. (*) Pendant longtemps, je me suis demandé à quoi elle me faisait penser.

Puis, dernièrement, il y a eu la parution du "Livre rouge" de Carl Jung, le célèbre psycho analyste. Dans ce livre nous voyons l'image d'un personnage très important de son inconscient qu'il a dessiné lui-même. Il l'a appelé Philémon. Je me suis alors souvenu l'avoir vu dans d'autres livres de Jung que j'ai lus auparavant.

Et le déclic s'est fait.

"Naître-mourir" m'avait fasciné avec le personnage et ses ailes. Nous le voyons de dos. Celui de Jung est de face.

* www.mathieupdesign.com

Départs


Si vous n'avez qu'un film à voir ces jours-ci, optez pour: Departures. Réalisé par Yojiro Takita, il a gagné l'oscar du meilleur film étranger en 2009 puis le Grand prix des Amériques au festival des films du monde de Montréal.

27 novembre 2009

Tuer le temps ?

"Comme si l'on pouvait tuer le temps sans blesser l'éternité."

Henri Thoreau, Walden ou La vie dans les bois.

Tout dire ?

"L'impératif de tout dire se dissout dans la fiction que tout a été dit, même s'il laisse sans voix ceux qui auraient autre chose à dire, ou aurait choisi de tenir un discours différent. Dire ne suffit pas, ne suffit jamais, si l'autre n'a pas le temps d'entendre, d'assimiler et de répondre."

David Le Breton, Du silence, p14. Éd. Metaillé.


* Le Breton est anthropologue. Il a aussi publié le livre "Éloge de la marche".

-Pratiquer le silence et la marche: deux activités en parallèle-


26 novembre 2009

"Le conteur"

Une de mes histoires préférées tirée d'un livre(*) d'Henri Gougaud raconte celle de Yacoub et provient de la tradition Juive. Je la résume:

« Il était amoureux du monde, nous annonce d’abord le récit. Mais il souffrait de le voir si brutal, morne et dénué de sensibilité. Lui vint alors l’idée de raconter des histoires sur la place publique de sa ville, Prague. Raconter des histoires dans le but avoué de changer le monde et lui apporter un peu de lumière dont il se savait porteur en abondance. »

« La première journée, des badauds en tout genre l’écoutèrent s’époumoner debout sur un banc puis s’en allèrent rapidement. Changer le monde demande de la persistance, se dit Yacoub, et ne peut se faire en un seul coup. Il ne se découragea pas et dès le lendemain reprit son manège à la même place, fougueux et déterminé, avec la ferme intention de remplir l’air de ses plus belles paroles. Des gens s’arrêtèrent encore une fois, mais moins nombreux que la veille. Quelques-uns le traitèrent de fou et rirent de lui. Nullement découragé, il continua malgré tout, jour après jour. Ces paroles germeront bien dans le cœur des gens quand le temps viendra, se dit-il. »

« Les mois passèrent et Yacoub ne cessa, malgré l’indifférence, de raconter ce qu’il y avait de meilleur en lui-même. Bientôt seuls les nuages dans le ciel et les oiseaux se massèrent pour l’écouter, car les gens ne s’occupaient plus de lui, préférant l’ignorer ou changer de direction en le voyant. »

« Il continua donc à raconter les yeux fermés tout l’amour qu’il ressentait pour le monde sans se soucier d’une écoute qu’il n’attendait plus, car c’est tout ce qu’il savait faire dorénavant. »

« Les années se succédèrent. Yacoub continuait à conter merveilles sans se lasser. Un soir un enfant se planta devant lui et lui dit tout bonnement : “Ne vois-tu pas que personne ne t’écoute vieux fou. Pourquoi perds-tu ton temps à continuer de la sorte à parler au vent et à la poussière?” »

— J’aime les gens, lui répondit-il, c’est pourquoi je ne peux m’empêcher de conter des histoires afin de les aider à être heureux.

— Et le sont-ils?

— Eh bien, non, se résigna à répondre Yacoub en hochant la tête.

— Mais pourquoi continues-tu ainsi, lui demanda l’enfant pris de pitié pour lui?

Yacoub se tint en silence quelques instants, réfléchit puis lança à l’enfant : « Je parle, je raconte et je continuerai ainsi jusqu’à ma mort. Autrefois je le faisais dans le but avoué de changer le monde. Aujourd’hui c’est pour que le monde, lui, ne me change pas. »

* L'arbre aux trésors. Édition du Seuil, 1987, pp. 377-379.

23 novembre 2009

"Autour d'un feu"


Une entrevue avec Jean St-Hilaire, ancien critique de théâtre, m'incite à revenir à l'importance du conte. Cette entrevue nous la retrouvons dans le journal Le Devoir du 23 nov. 09. Je reprends les mots de St-Hilaire:"Les anciens, les aèdes, au temps d'Homère, devaient s'exprimer au couchant, autour d'un feu. Les gens ont besoin de se retrouver dans une représentation, tous ensemble, à réfléchir sur un écho donné, sur un mot donné. L'entendre ensemble. Ensemble, ça ne veut plus dire grand-chose, mais ça veut encore dire quelque chose. On est dans la nostalgie de ça."

À la Saint-Jean de cette année, j'étais à Percé sur la plage autour d'un feu à écouter comme une cinquantaine d'autres, adultes et enfants, un conteur-chanteur qui nous a littéralement envouté durant une bonne heure. Nous sentions la chaleur du feu et de ses mots ainsi que la puissance des images qui résonnaient en nous. L'effet était saisissant.

Je laisse la dernière explication à Henri Gougaud, le maître du sujet, puisée dans son Arbre aux trésors: "Les mythes, les contes, les légendes du monde sont au fond de nous comme des trésors d'une caverne prodigieuse. Il serait déraisonnable de prendre à la légère ces divertissements apparemment sans poids. Certains sages d'Orient pensent que l'histoire juste dite au bon moment à la personne qu'il faut est capable d'illuminer qui l'entend, c'est-à-dire de lui apprendre(lui faire goûter) ce qu'aucune explication, aussi intelligente soit-elle, ne saurait dire."

"Il est de fait que dans les contes et les légendes est un savoir inexplicable et pourtant nourrissant, un savoir que je ne peux comparer qu'à la saveur d'un fruit en bouche. Les fruits nourrissent, et en plus ils sont bons, ils font jubiler les papilles. Les contes et les légendes sont exactement comme des fruits, tout aussi innocents, tout aussi nécessaires."


20 novembre 2009

"Beauté perdue"

Si vous n'avez pas encore acheté le dernier opus de Luc De Larochellière, je vous invite à entendre l'extraordinaire chanson "Beauté perdue" ici.


"Sûr il y aura d'autres lunes
Étoiles et couchers de soleil.
Les joies viendront plus qu'à une
La terre va tourner pareil.
Je vais même surfer sur des drames
Sous l'oeil médusé de Dieu.
Mais il m'en faudra bien plus
Face à ta beauté perdue.

Je n'aurai jamais assez de larmes
Pour bien m'en laver les yeux."

18 novembre 2009

Proverbe chinois

Un proverbe chinois (les proverbes sont toujours chinois, me semble-t-il...) a longtemps orné le babillard de mon « bourreau » de travail : « Les puissants de l'Empire règnent, ordonnent, dictent des lois. Le sage les regarde en souriant : des fourmis grouillent, c'est tout! »

On serait mal aisé de trouver quelques traces d'humour dans le discours entendu à toutes les sauces dans nos médias en provenance de nos décideurs, politiciens, gestionnaires, chefs d'entreprises, syndicalistes et intellectuels.

L'humour nous aide à accepter l'existence lorsqu'elle est hors de notre contrôle. Nous aide aussi, heureusement, à accepter le trop plein d'ardeur et de prétentions des « puissants de l'Empire». Il parvient,finalement, à nous guider vers une sorte d'équilibre entre les ambitions inassouvies et ridicules des performants de tout acabit et des adeptes champions du mécontentement toujours partant pour jouer le triste jeu de victimes consacrées.

J'ai toujours pensé que des orgies de mesures, de structures, règlements, directives, mots d'ordre et processus, dans le but sans doute très noble de bien gérer notre existence en société et trouver des solutions efficaces et définitives à nos problèmes, ne faisaient qu'étouffer davantage la vie et ses étranges pulsions, ses coups du sort, son va-et-vient anarchique.

Ne reste qu'à ne pas trop s'en faire et jouer la vie avec bonheur.

A (H1N1), mon amour !

"Ce sont les noms qui font peur. Les choses sans les noms ce n'est rien, pas même des choses."

Christian Bobin (La folle allure, p. 10, Éditions Gallimard 1995)

17 novembre 2009

Apocalypse, la 2e guerre mondiale


Septembre 1986. Quelques jours avant de partir en voyage en France , une série d’attentats terroristes secouent violemment la ville de Paris (de décembre 85 à septembre 86, il y en aura 13 au total). Le pays décide alors d’exiger un visa pour y entrer, pour tous les voyageurs, sans exception. C’est donc la course à la dernière minute au consulat de France à Québec pour obtenir le précieux papier.

En faisant la file sur le trottoir, un journaliste de la radio m'aborde et me pose alors la question à savoir si toutes ces bombes et cette tuerie me font peur et mettent en péril mon voyage. Le plus honnêtement et candidement possible, je lui réponds que je ne saurais avoir peur puisque je n’ai jamais connu d’épisodes de violence de la sorte dans ma vie. J’ignore tout de ce que ça peut être. Le plus proche que je connais, ce sont quelques accrochages avec mes frères lors de l’adolescence. Et peut-être un peu les attentats du FLQ dans les années 60, mais j’étais bien jeune à l’époque.

Je n’ai jamais connu la guerre, ses horreurs, ses privations, sa folie totale. Il y a bien eu septembre 2001, le choc fut énorme, mais encore là les événements se déroulaient ailleurs.

Ces jours-ci je visionne comme des milliers d’autres l’exceptionnelle série télévisée Apocalypse, la 2e guerre mondiale. Je suis subjugué. Le documentaire avec ses images colorées et son texte sobre et précis est tellement bien fait qu’à chaque fois j’en ressors ébranlé. À chaque fois aussi, je me demande si je serai épargné d’une telle horreur avant ma mort.

Je n’ai jamais vécu la guerre. Je ne sais pas ce qu’est la privation arbitraire. J’ose seulement dire avec beaucoup de retenue que je suis privilégié de n’avoir pas connu le joug de dictateurs, de tyrans fous, d’idéologies prometteuses.

J’ose dire aussi qu’il est impératif de ne jamais subir les rêves démoniaques ou de se plier devant les exigences utopiques de grandes gueules avérées.

Dans l’art de vivre ensemble, le courage demandé est énorme et essentiel.

15 novembre 2009

"Le Grand Silence"





Le monastère de la Grande Chartreuse. Les montagnes. L'air pur et une bouffée de silence.

* Cliquez sur les photos pour les agrandir

13 novembre 2009

Manifeste d'un homme libre

Je crie haut et fort pour la liberté!

Je crois qu'un être humain ne peut réellement s'épanouir qu'en présence d'une totale et entière liberté. Je crois que la finalité de l'homme sur terre est celle de devenir simplement lui-même, libre et heureux et heureux parce que libre.

Il incombe donc à l'homme d'être libre.

Mais à cet état vient s'en greffer un autre de la plus haute importance : celui d'être responsable. Je ne peux croire qu'en un homme totalement libre et totalement responsable. Libre et responsable.

C'est une tâche sacrée que de tendre vers la plus entière des libertés. C'est aussi un devoir sacré que d'en supporter la plus entière responsabilité. Je suis libre de faire tout ce que je veux, mais d'aucune manière je ne dois délaisser cette responsabilité première : « ne porter atteinte ni à autrui ni à leur bien ».

Je manifeste pour la liberté, mais une liberté adulte, responsable, qui tend vers l'harmonie et qui ne brime personne. Une liberté qui engendre la liberté autour d'elle, car elle ne saurait se suffire à elle-même.

Je manifeste pour une liberté concrète, vivante, tolérante, dans chaque homme, dans chaque individualité sur terre. Je crois que la véritable liberté ne peut naître et s'épanouir que dans l'individualité seule. Seul l'individu n'a d'existence. Tout le reste : peuple, société, masse, n'est que convention de l'esprit, donc abstraction. Une masse de gens ne peut être libre, seuls des individus le peuvent. Ceux qui professent la liberté du peuple comme idéal ne veulent qu'assouvir ce besoin intense qu'on retrouve chez l'homme, celui d'imposer sa loi, celui d'assouvir son penchant malsain envers le pouvoir afin d'en retirer tous les bénéfices.

Si tu aimes l'homme, tu le laisses libre, si tu le hais tu lui parles de le libérer!

Je manifeste contre tous ceux qui prétendent me libérer, contre tous ceux qui veulent me sauver. Je ne veux pas de leur aide, car ils m'empêcheront de développer du courage devant l'adversité, de développer de la créativité devant les problèmes de la vie. Je ne veux pas de leur aide, car ils m'empêcheront de découvrir le meilleur de moi-même. Je crois que si on s'aide soi-même sincèrement, la Vie se charge de nous apporter le réel supplément qui nous manque. Et ce réel supplément ne peut être fait que d'amour, de respect et de totale liberté.

Je crois que la vie ici-bas est complexe, difficile, remplie d'embûches et de problèmes. Pourtant, je la vois aussi pleine d'aventures extraordinaires, de beautés et de merveilles, de victoires et d'achèvements indubitables et bénéfiques pour tous. Je manifeste pour le droit inaliénable d'avoir la liberté de vivre intensément ces deux pôles distincts de l'existence.

Je manifeste pour la liberté d'assumer ma misère et mes problèmes, pour la liberté de faire des erreurs, car je sais que c'est la bonne façon d'apprendre.

Je manifeste pour être libre de vivre mes contradictions, car je ne suis certain de rien.

Je manifeste pour être libre de douter.

Je crois intensément en la liberté, celle qui nous permet de croître et de nous transfigurer afin de vivre avec compassion, d'aimer sincèrement cet « autre » qui n'aspire lui aussi qu'à exprimer toute la grandeur et la beauté qu'il se sent être. Librement. Je crois en la nécessité de laisser l'autre faire ses expériences et se tromper, le laisser libre d'apprendre à sa manière et à son rythme. Je crois beaucoup en la vertu de celui qui cherche, qui s'aventure, qui fait des efforts même s'il n'obtient pas toujours les résultats escomptés. La seule façon de l'aider est de ne pas lui nuire, de le laisser libre.

Je crois que l'homme libre, vraiment libre, est un homme présent à l'autre, disponible, mais d'un infini respect, d'une infinie discrétion. N'oublions pas :«Il ne faut pas nuire à celui qui a entrepris d'apprendre lucidement toute la complexité de l'existence ici-bas. Ne serait-ce que les tâches les plus humbles…!»

Je manifeste pour la liberté. Je n'aurai de cesse de l'acclamer haut et fort. Car je la sens bafouée par tous ces gens qui veulent imposer leurs diktats sur le monde. Je la sens ignorée aussi par tant d'autres qui n'en veulent pas, car ils se sentiraient condamnés à l'effort. En effet, quelle responsabilité!

Je crois que c'est un devoir sacré que d'être heureux. C'est un devoir sacré que d'être autonome, de s'occuper de sa santé, mentale et physique. C'est un devoir sacré que de faire en sorte de s'épanouir pour ensuite être vraiment en position d'aider l'autre qui ne cherche que le même but.

Je crois en une liberté qui ne s'arrête pas à soi, mais qui ne peut que rendre l'autre libre.

11 novembre 2009

Éloge de la pudeur

Je vois encore des mystères partout. Je sens que la vie dans toute sa richesse demeure une énigme inégalée. Je suis comme un enfant qui s’émerveille devant tant de grandeur, de beauté et aussi de haine, de souffrance incompréhensible et de bêtise. Bien fait pour moi.

Je vois aussi une vertu dans la retenue. Je veux dire la retenue dans l’empressement à émettre des affirmations rapides sur quelques sujets que ce soit, comme si c’était des évidences ou une question de bon sens.

Pas sûr que Dieu ou l’Amour sont des évidences. Essayez d’en parler autour de vous, essayez de vous entendre sur une définition de ces mots, sur ce qu’ils représentent concrètement dans vos vies. N’ayant très peu de temps et d’énergie à leur consacrer—nous sommes si occupés—nous les employons à la légère ou encore, ce qui est pire, nous sommes tentés de les utiliser pour influencer l’autre, le convaincre et même le manipuler de force.

Je m’en voudrais de propager le doute ou un scepticisme de bon aloi. Je ne partage aucunement cette euphorie quelque peu maladive à vouloir démasquer à tout prix certaines affirmations issues du monde religieux ou de chercheurs de la conscience, des faits de l’esprit et de l’imaginaire. Je suis porté à croire que certains sceptiques purs et durs devraient peut-être s’accorder quelques repos et cesser de traquer la petite bête spirituelle pour mieux la ridiculiser sous prétexte qu’elle n’entre pas dans l'ordre des données scientifiques. On n’est pas loin de la croyance aveugle lorsque ces mêmes sceptiques et férus de science vont ainsi jusqu’à prétendre que ce n’est qu’une question de temps avant de découvrir, mesurer et analyser des faits objectifs qui expliqueront tout. L’avenir est toujours radieux ou le réceptacle obscur de tous les « n’importe quoi ».

Il me reste quoi alors?

Le silence de la pudeur. La pudeur des mots surtout.

Je n’exclurai jamais le fait de croire. J’ai l’intuition profonde qu’il n’y a pas d’explication à tout. D’où un respect sacré envers un univers intérieur qui n’a de cesse de se manifester en moi. Une matrice s’est forgée dans laquelle se déverse une énergie qui m’aspire et m’inspire.

C’est tout ce que je sais. Ce que je sens et expérimente.

Je le dis avec beaucoup de pudeur.

9 novembre 2009

Paradis perdu


Un truc me chicote lorsque je lis une telle remarque : « Vingt ans après la chute du Mur, près d'un Allemand sur cinq originaire de l'ex-RDA est nostalgique du régime communiste est-allemand. »

On les appelle les « Ostalgiques ». Ils se réunissent, pour certains, dans un bistro situé près des anciens bureaux de la Stasi (la police secrète) et décoré par de sinistres artefacts rappelant la beauté surnaturelle d’un régime de surveillance absolue.

Ensemble, ils regrettent leur pauvre prison avec ses privations de liberté, ses pénuries, l’interdiction de voyager, son parti unique, la délation et la peur. Il aurait mieux valu que le Mur ne tombe pas, qu’ils disent.

Une étude publiée en 2008 souligne encore : « Qu’une majorité de jeunes Allemands de l'Est ignorait qui avait construit le mur de Berlin et pensait que le dictateur Erich Honecker, secrétaire général du SED, avait été élu démocratiquement, ou encore que l'environnement était mieux protégé en RDA qu'à l'Ouest. »

Je me souviens aussi avoir lu quelque part que nombre de résidents de la Russie regrettaient l’époque bénie alors que régnait Staline, leur dictateur adoré et sauveur du peuple.

Un truc me chicote, je disais. Il aurait fallu que je dise qu’il m’indispose grandement.

Je ne comprends pas ce désir de contrôle absolu. Je ne comprends pas cette « tentation totalitaire » Je peux encore moins accepter qu’on cherche à nous faire avaler de force des utopies dont le seul mérite est d’être parfaites, car elles n’existent pas. Et la non moindre de ces utopies est celle qui affirme qu’il serait donc bon que tout le monde pense pareil, agisse pareil, parle pareil. Ne voit-on pas que c’est toujours un individu ou un groupe d’individus qui tient à imposer cette façon de voir, cette illusion tenace ? J’appelle cela de l’égocentrisme, mais aussi du nationalisme ou du sectarisme. Dans les trois cas, il y a un danger énorme, celui de prétendre bâtir un paradis sur terre où les problèmes n’existeront plus. « Ils seront rejetés hors frontière, nous vous l’assurons »

Je sais que la liberté fait peur, car nos médias n’en montrent que les abus ainsi que le manque de responsabilité de tous ceux qui s’en servent à mauvais escient. Je ne veux pas discourir aussi sur les mérites d’un régime politique plutôt qu’un autre. Je constate cependant que lorsqu’il y a un Mur érigé par des hommes, il y a une prison, ou bien, comme nous le voyons en Israël ou à la frontière du Mexique, une illusion de sécurité.

Les murs séparent.

Ils sont la manifestation d’une folie perverse, d’un désir de pouvoir et de jouer au dieu qui sait tout, qui voit tout, qui contrôle tout.

La vanité dans toute sa gloire.

4 novembre 2009

Lévi-Strauss


L'anthropologue Claude Lévi-Strauss vient de mourir à l'âge vénérable de 100 ans. Il faisait parti de ces individus immensément curieux de connaître l'être humain sur toutes ses coutures. Pas seulement l'homme civilisé auquel nous nous référons tous, mais aussi cet être humain que l'on dit primitif, celui avec une autre manière de voir les choses.

J'ai beaucoup de sympathie pour ces chercheurs et intellectuels qui osent s'aventurer en terre étrangère afin de comprendre et nous restituer un art de vivre avec son originalité propre qui peut tant nous apprendre.