18 janvier 2010

Bon appétit !

J’ai tendance à dire que nous sommes ce que nous ingérons.

Je parle de bouffe, comme de raison. Le sujet est important, je ne le nie pas. Je dois cependant admettre que si nous additionnons le nombre d’émissions télé, de chroniques, d’articles dans les revues, les journaux et internet sur la question, je dois admettre que la tablée est pleine.

Pas moyen de circuler dans le monde sans être abreuvé quasi de force des bienfaits d’une saine alimentation. Nous parlons même d’aliments « neutraceptiques », des aliments avec des propriétés médicamenteuses en quelque sorte.

C’est correct. Nous avons compris, bien s’alimenter est important.

Qu’en est-il maintenant de la nourriture intellectuelle? Qu’en est-il des mots, des images, de la musique que nous absorbons pour combler notre intérieur?

Le sujet est délicat. Car je ne parle pas de goût. Pourtant, si nous sommes ce que nous ingérons, si nous acceptons cette affirmation à tout point de vue, la question se pose : faisons-nous attention à la qualité de notre nourriture intellectuelle absorbée quotidiennement?

J’ai devant moi un article découpé dans La Presse où l'auteur Serge Timmons s’exprime sur le sujet avec beaucoup d’esprit. Il s’interroge sur la quantité de sucre, de sel et de gras trans absorbée dans une journée. Le sucre de l’humour omniprésent. Le sel des infos et des émissions trash, les téléréalités et le spectaculaire qui excitent et donnent soif. Et enfin le gras trans épais des publicités envahissantes et dégoulinantes.

L’auteur rajoute : « Tous les jours, les philosophes diététiciens vous le diront, il nous faut notre part des principaux éléments : un peu de réflexion, de solitude, d’apprentissage, de lecture, de recherche. Il faut se mettre au contact d’un art et d’une culture substantielle. Sans quoi on perd nos dents d’analyse critique. Nos muscles de réflexions s’atrophient, notre système d’imagination s’affaiblit. On ne digère plus bien les carences, les frustrations et on finit par développer une cirrhose du cerveau. »

Je sais, tout cela demande de la discipline. Il n’y a pas cependant à s’imposer un régime draconien, car nous connaissons le résultat d’une telle démarche. Le plus souvent elle est vaine et la frustration nous gagne.

Mais le passage du réflexe à la réflexion ne se fait jamais sans heurt. Il est déroutant. Il implique qu’on se libère du superflu, que l’on tende vers la frugalité… avec appétit.


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