27 janvier 2010

Charles Dantzig

Quelques perles glanées ici et là dans le livre de Charles Dantzig : « Dictionnaire égoïste de la littérature française. » Grasset

« Pauvre présent! Pauvre présent toujours injurié, présent qui est nous, présent qui n’arrive jamais à se débarrasser du chewing-gum du passé et devant qui on agite en permanence le papier brillant de l’avenir, pauvre présent, tu trouves le moyen d’admirer ceux qui t’injurient. » p 32.

« L’obsession est nécessaire : un écrivain est un homme qui a un certain sentiment de la vie, clou où il suspend son tableau (et où il s’écorche). » p 107.

« Une des choses qu’il réussit le mieux (parlant de Jean Cocteau), c’est de clouer des papillons. Les meilleurs livres sont des boites vitrées où l’on peut admirer, fichés par de longues épingles noires, des insectes de pensées attrapés du bout de la langue… » p 190

« L’atroce conviction, un jour, tomba sur la tête des hommes. Les hommes surent. Ils n’avaient plus besoin de réfléchir. » p 210

« La fiction a l’avantage de pouvoir nous faire rencontrer et observer des gens sans que nous ayons à les fréquenter. (…) Avec son air d’être une analyse de la vie, la fiction est une féérie. La fiction, qui peut sembler enfantine, est sans doute un des outils les plus fins pour faire avouer ses secrets à la vie, dont la science pour les cacher est infinie. » p 302

« L’idée n’est pas du domaine de la réflexion, mais de l’illumination. (…) L’illuminé n’est jamais loin de l’imbécile. Illuminé, il est ébloui. Ébloui, il est aveuglé. Aveuglé, il adore son aveuglement. (…) La puissance de l’idée est un spectacle effrayant. Avec une idée, on transforme un peuple plus ou moins civilisé en une meute. (…) Il y a de l’idée à la pensée la différence de la magie au bricolage. L’idée est de la magie se prenant pour la vérité, la pensée est un bricolage et c’est son honnêteté. » p 387

« La littérature est un éloignement de la vie pour mieux nous la faire comprendre. La littérature, c’est contre l’injustice. Elle expose des faits ou des sentiments qui, sans elle, seraient dédaignés par l’utilitarisme général. La littérature est une insurrection. C’est toujours ça que l’oubli, la négligence, le pouvoir, la vulgarité et autres forces du néant n’auront pas. Au moins pendant cinq minutes. » p 480

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