14 décembre 2010

Le noyau dur

Venons-nous de plus loin que nous le croyons, allons-nous plus loin aussi?

Ces questions sont fixées en moi et forme un noyau dur autour duquel je tourne sans cesse, en y jetant un regard parfois suppliant, parfois dubitatif. Ce noyau est-il insécable? Est-ce que je peux le briser sans danger, sans produire une réaction en chaîne comme une fission nucléaire?

Telle une planète autour de son soleil, je me sens uni à ce noyau, il n’a de cesse de réchauffer mon existence et de faire germer quelques graines de sagesse ici et là. Sa lumière m’incite à regarder, à observer et voir.

Je pense qu’une partie de soi, la plus grande partie en fait, se trouve dissimulée quelque part au sein de ce noyau. Sinon comment m’expliquerais-je son attrait si irrésistible?

Il y a un manque et ce manque se cache là, en son cœur.

Souvent, je me dis que c’est peine perdue, tu perds ton temps, tu ne pourras jamais percer le mystère de sa présence! Je m’éloigne alors, confus, avec mes doutes et mes misères. La vie continue, à peine changée, mais avec cette image en filigrane, toujours palpitante, de cet ensoleillement qui vient s’accrocher à mes fragilités. Je cesse alors de m’agiter, me retourne, reprend le même chemin à l’envers avec un nouveau bagage qui vient nourrir la survivance du noyau, qui me remercie à son tour en irradiant pour moi d’autres problèmes à résoudre, qui me dit aussi que ça lui plait de me voir si contrarié, si sérieux alors que cette tâche, tout compte fait, n’est pas si difficile, elle m’occupe dignement, n’est-ce pas?

Que de fois je l’enverrais promener! Que de fois mon noyau dur je le hacherais menu pour qu’il cesse son attraction, sa fascination!

C’est peine perdue. Je peux m’en détacher, mais jamais y renoncer.  

Une nuit, en rêve, je me suis approché tout près de lui. Il avait pris la forme d’un quartz bleuté suspendu au-dessus d’un échiquier fait de bois rares et précieux. Je le voyais vibrer. Une pensée me vint qui me signifia de me détendre puis de m’allonger près de lui. Je sentis alors un souffle, un vent qui m’entoura et j’ouvris la bouche pour respirer cette trombe. Ma vraie nourriture…

Venons-nous de plus loin que nous le croyons, allons-nous plus loin aussi?


* Photo: Mathieu Plante
    

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