17 décembre 2010

Ne rien comprendre...

Une histoire tirée du merveilleux livre de Tom Keve : Trois explications du monde, publié chez Albin Michel. Un roman de cinq cent pages où défilent des chercheurs et scientifiques de renom comme Jung, Niels Bohr, Pauli, Freud, Heisenberg, Gödel, le Chatam Sofer, Einstein, Ferenczi et bien d’autres qui se sont rencontrés pour mettre en commun leurs découvertes sur la nature même des choses et établir un lien étroit avec la profondeur de l’esprit humain. À lire si la physique quantique, la psychanalyse et la Kabbale vous intéressent. Mais à lire surtout pour découvrir tous les tâtonnements, les doutes et les souffrances endurées par ces chercheurs devant le « grand inconnu » qui obsède et dont ils voulurent percer le mystère.

Cette histoire aurait été racontée par le physicien Niels Bohr lors d’une conférence présentée en 1922 à Göttingen. 

Il était une fois un rabbin miraculeux qui voyageait par monts et par vaux; un jour il arriva dans un village. Les anciens de la communauté, heureux d’accueillir un homme si célèbre, le prièrent de faire un sermon, et même un ensemble de sermons. Un garçon particulièrement vif était assis au premier rang et écoutait intensément le sage. Le soir même, le jeune rentra chez lui et vint trouver son père : « Père, dit-il, j’ai été tellement ému par le sermon du rabbin. Il était réfléchi et profond, c’était un modèle de clarté. J’ai compris tous les mots qu’il nous a dits. » Tout naturellement, le jour suivant, le garçon était à nouveau au premier rang, avide d’écouter le sermon du rabbin. Puis il rentra chez lui, encore plus enthousiaste, encore plus impressionné. « Père, dit-il, le second sermon était encore plus profond que le premier. C’était l’extase, J’étais bouleversé. Bien sûr, c’était trop difficile pour moi. Je n’ai pas vraiment compris tous les mots que le rabbin disait. Mais lui, il les comprenait, et c’est l’essentiel. » Le jour d’après, le garçon rentra chez lui, impatient de raconter à son père ce qui s’était passé. « Père, dit-il, père, le rabbin a surpassé les splendides sermons d’hier et d’avant-hier. C’était éblouissant. C’était exaltant. C’était grisant. C’était sublime. Bien sûr, je n’ai rien compris. À vrai dire, c’était si profond que même le rabbin ne comprenait pas. Mais Dieu le comprenait, et c’est l’essentiel. »

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