23 février 2011

La violence "full pas cool"


La violence scandalise. Elle n’échappe à personne, car elle fait partie intégrante de la vie. Elle semble surgir des profondeurs souterraines et ténébreuses de la psyché humaine; elle gronde puis éclate en une coulée qui inonde, brûle et pétrifie tout sur son passage.

Je prends pour exemple la violence gratuite et inutile lors d’événements où se rassemble une foule.

Il y a quelques jours, une journaliste de CBS a été agressée violemment et sexuellement au Caire au moment de la chute du président égyptien Hosni Moubarak. Parce que c’est une femme? Parce qu’elle est américaine? Parce qu’elle est journaliste? Qui pourrait le dire? Le comportement d’une foule (d’une collectivité) semble refléter les plus bas instincts de la moyenne des individus lorsque certaines circonstances extérieures se présentent. Il suffit d’un malaise, d’un engouement, d’un enthousiasme révolutionnaire, d’une rumeur et la mécanique démarre puis dégénère dans l’aveuglement d’actes de violence incontrôlée. Et il se trouvera toujours quelqu’un pour la justifier. C’est l’autre vecteur de la violence, plus près encore de la haine maladive.

Lors d’un match de hockey vu en direct il y a quelques années au Colisée de Québec, j’ai assisté, perplexe, à un déferlement de bagarre entre les joueurs sur la glace qui a dégénéré en une montée de violence et de gestes disgracieux dans la foule. L’excitation, à son comble, est devenue telle que nous avons quitté l’endroit, ma conjointe et moi, de peur de subir les foudres de quelques fous furieux qui nous entouraient.

Les exemples de violence dans le sport sont nombreux. On a qu’à penser aux hooligans en Europe, lors de match de foot. À son paroxysme, la violence dégénère même en tuerie. Tout ça pour un jeu, pour un ballon qui ne roule pas dans la bonne direction…

Lors du sommet des Amériques à Québec, en avril 2001, j’ai pu assister aux premières loges à la puissance d’une vague déferlante de violence contenue. J’étais à vélo, à quelque trois cents mètres en surplomb d’une foule évalué à environ 100,000 personnes. La rumeur était assourdissante. Tous les groupes de pression étaient représentés, de multiples banderoles flottaient au-dessus d’eux pour affirmer leurs allégeances et surtout leurs désapprobations. (J’en ai vu une qui se disait contre le New-Age!) L’image d’un dragon prêt à cracher le feu m’est venue à l’esprit. J’ai alors ressenti une peur panique, la peur d’une perte de contrôle de toute cette rage, et je suis parti.

La crainte d’être absorbé dans un trou noir…

Je sais qu’une bonne partie de cette foule a convergé tranquillement vers un lieu pacifique de rassemblement. Je sais aussi qu’un bon nombre de manifestants a plutôt bifurqué vers l’affrontement violent. Tout ça m'a laissé de marbre. Je n'étais ni pour ni contre. Ce que j’ai perçu cependant, c’est le dangereux pouvoir de la foule et la violence latente prête à surgir au moindre signal pour allumer ses feux.    

Je n’ai pas de théorie pour expliquer cette violence. Je vois seulement que la foule la galvanise. Des individus de prime abord pacifiques et « normaux » se transforment alors en bêtes féroces prêtent à en découdre avec tous ceux qui ne les appuient pas, ne pensent ni n’agissent comme eux. Je vois des individus qui se cachent dans l’anonymat du grand nombre afin de perpétrer leurs méfaits. Une perte de contrôle les définit.

La violence de la foule a pour paramètres l’absence de courage, de profondeur, de respect et d’imagination.   


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