16 février 2011

"Soufi, mon amour"


Dans l’histoire, nous avons beaucoup d’exemples d’individus libres qui ont manifesté avec force et courage leur opposition ou simplement leur détachement envers certaines manières de penser et de se comporter qui ne sont que conformisme, instinct du troupeau et humeur collective. Des noms, bien connus, ressortent du lot, et je ne parle pas d’excentriques ou d’hurluberlus qui ne font que divertir la populace. S’opposer publiquement au nationalisme fanatique, au racisme ainsi qu’à tout fondamentalisme religieux et politique n’est pas une mince tâche. Plusieurs ont déjà payé de leur vie ou risqué et vécu l’emprisonnement. Il y a des vérités que bien des puissants de ce monde (ou qui voudrait l’être) ne seront jamais prêts à admettre. Il y a des vérités que le commun des mortels ne peut accepter, car il devrait ressortir du lot et exigerait un amour inconditionnel de la vie.

Avec son livre, La bâtarde d’Istanbul, l’écrivaine Elif Shafak a franchi une ligne non permise en Turquie, ce qui aurait pu lui être fatal. Elle a osé parler du drame arménien à l’encontre de la doctrine officielle admise dans son pays. Elle a risqué trois ans d’emprisonnement. Ohran Pamuk, le Nobel turc, a vécu le même sort pour avoir « insulté la turquicité ».

Elif Shafak fait parti de ces individus qui s’affranchissent de l’esclavage du pouvoir et de la multitude.

Son dernier livre, Soufi, mon amour, raconte merveilleusement bien la puissance de l’amour comme facteur de changement dans le cœur des êtres qui s’ouvrent à cette présence magnifique. Shafak nous faire revivre l’histoire de la rencontre du poète Rûmi avec Shams de Tabriz, un derviche libre comme l’air, itinérant qui ne laisse personne indifférent autour de lui. Ce dernier viendra bouleverser la vie de Rûmi qui s’engagera alors sur un chemin transcendant toutes les religions, les conventions, les règles et la mesquinerie des hommes.

En parallèle, Elif Shafak nous propose dans son livre la rencontre entre Ella Rubinstein, une femme malheureuse qui a tout dans la vie et l’auteur d’un roman dont elle a la charge de lire le manuscrit pour le compte d’un agent littéraire. Cet auteur est celui qui nous révèle l’histoire de Rûmi et de Shams. À l’exemple de ces deux personnages, Aziz Z. Zahara viendra lui aussi changer la vie d’Ella en entreprenant une correspondance avec elle sur cet inépuisable sujet de l’amour et sa lente éclosion dans nos cœurs.

Le  roman d’Elif Shafak est l’un des grands succès de librairie en Turquie. Je soupçonne toutefois qu’il a fait grincer des dents bien des fondamentalistes musulmans. On ne badine pas avec la religion lorsque cette dernière est mariée à l’ordre et au pouvoir. 

Son livre, Soufi, mon amour, s’adresse cependant à tous, car son propos se veut universel et pleinement d’actualité.

** Voir cet entretien avec l’auteur du livre ici.

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