31 mars 2010

La grande visite

De chacune de mes journées j’attends un zeste de surprise, un émerveillement, un quelque chose qui s’aventure dans ma direction. J’attends, mais je ne désire rien en particulier, car tout est bon. Une surprise, c’est une surprise tout de même!

J’écoute Rufus Wainwright. J’écoute ses envolées au piano. Et sa voix qui roucoule en même temps. Comment fait-il? Les accords, l’assemblage de notes, tout ça est des plus complexes et il réussit à produire par je ne sais quelle magie un enchantement, une harmonie. Quel talent, je me dis.

Au même moment, je vois par la fenêtre quatre jaseurs des cèdres qui grappillent sur la toiture de mon voisin. Qu’est-ce qu’il y a à manger sur une toiture en bardeaux? Au moins, il n’y a pas que les corneilles qui s’épivardent dans les grands arbres. Mais des jaseurs, je ne me souviens pas en avoir déjà vu à cette époque de l’année.

Surprise! Surprise! Vous dis-je.

Je sais, c’est peu. Mais pour moi il y en a assez pour combler cette journée. Il y en a assez pour m’empêcher de terminer la tâche de peinture qui m’attend depuis de longs mois.

Autre visite : Arvo Pärt joué par la Pietà avec Angèle Dubeau au violon. Spiegel im spiegel, la dernière pièce du CD.

Grand bonheur soudain!

30 mars 2010

Chroniqueurs en folie

Comme beaucoup d’entre vous, j’aime lire les chroniqueurs rencontrés dans les journaux et la presse électronique. Ils pullulent, donc ce n’est pas le choix qui manque. Ils se manifestent, s’expriment, rendent compte de leurs états d’âme avec ardeur, avec passion. Ils font dans l’indignation et tentent plus souvent qu’à leur tour de démolir une idée, une façon de faire ou de voir les choses. Bref, chacun tente de forger son style et d’apporter une humeur personnelle à la rumeur ambiante.

Fort bien! Nous en avons pour tous les goûts.

Ceux qui tirent plus vite que leur ombre me laissent toutefois perplexe. À moins d’être un génie absolu, le prolifique qui écrit pratiquement chaque jour, presque à chaud, sur des sujets complexes s’aventure sur un terrain glissant. Et comme les écrits restent, il se doit de justifier, de rétorquer et se défendre parfois devant les attaques en provenance de ceux et celles qui apprécient encore les nuances plutôt que le noir et blanc. S’en suit une cacophonie qui ne présage rien de bon.

Je privilégie donc la chronique à fréquence longue. Je ne cours pas de risque. Je me dis, peut-être illusoirement, que la distance se manifeste avec plus de facilité et donc, l’acuité de la pensée a plus de chance de s’exprimer.

C’est pourquoi je pense ici à David Desjardins qui s’adresse chaque semaine dans le Voir Québec. J’avoue un faible pour lui. Voyez comment il écrit sur un sujet qui m’intéresse au plus haut point.

« L'école doit servir à éveiller les sensibilités, et refuser de céder à la logique utilitariste qui veut qu'on y forme tristement de futurs payeurs de taxes.

Mais peut-être aussi vous demandez-vous pourquoi j'en fais une quasi-obsession, pourquoi j'ai écrit sur le sujet une bonne dizaine de fois? C'est tout simple. Mon idée de la culture est que cela rend parfois (pas toujours, mais parfois) un peu moins con. Mon idée, c'est qu'elle permet de développer le sens critique, de faire de nous des humains un peu plus... humains, justement. Plus empathiques, plus ouverts, tournés vers le monde, mais aussi sensibles à l'univers qui grouille à nos portes. »

Il continue : « Mieux encore, il y a dans le contact en profondeur avec la culture un art de vivre. Une rupture avec nos habitudes qui peut même faire office de sacré. »

Il se pose aussi la question, fort pertinente : « Alors pourquoi jouer aux guidounes avec les jeunes? Pourquoi avoir peur d'imposer, pourquoi craindre qu'ils ne comprennent pas, et qu'ils décrochent?

Ce qu'il faut, c'est transmettre le goût, l'envie de savoir, même si celle-ci n'existe pas à la maison. Ce qu'il faut, c'est expliquer, c'est les exposer à la culture aussi souvent que possible. Ce qu'il faut, c'est de la qualité, mais de la quantité aussi, ce qui permet la variété nécessaire pour aller toucher les gens, et éveiller leur sensibilité. Ce qu'il faut, encore, c'est des professeurs de désir qui donnent envie de savoir, d'apprendre. Et il y en a. J'en connais."

Bien vu, n'est-ce pas?

29 mars 2010

Docteur ès scatologie

En matière d’environnement, comme en toute autre matière d’ailleurs, je préfère d’emblée cette attitude-ci :

« Le problème avec le mouvement environnemental, c'est qu'au cours des dernières années, il a résumé son discours ainsi : si on ne fait rien, on est cuit. Or si je suis cuit, s'il n'y a plus d'issue possible, que vais-je faire? Le party, puisqu'on me dit qu'il n'y a plus rien à faire... À mon avis, il faut plutôt dire aux gens : écoutez, cet enjeu est important, il est sérieux, mais il y a une façon de s'en sortir, d'agir pour devenir plus fort, plus en santé, plus en sécurité. »

Ces mots sont de Thomas Friedman, le chroniqueur vedette du New York Times, s’adressant au gratin économique et politique de Montréal. (Voir cyberpresse.ca, le 27 mars 2010)

Est-ce utile de taper sur le clou, de propager la peur et d’enfoncer dans le crâne des gens qu’une catastrophe est inévitable si rien n’est fait? Il me semble que ce procédé peu subtil a déjà fait date. Combien de fois l’apocalypse ou la fin du monde n’a-t-elle pas été envisagée par des prédicateurs, prophètes ou intellectuels en mal de reconnaissances? Vous ne voulez pas nous écouter, tant pis pour vous, la fin du monde vous attend, nous disent-ils en chœur depuis l’aube de la civilisation. Et ainsi, il ne nous reste plus qu’une seule chose qui peut nous aider : l’arrivée d’un sauveur ou messie…

Je suis un optimiste et je crois que nous méritons mieux que ces catastrophistes à tout crin qui prédisent toujours le pire. Il n’y a aucun risque à prédire ce pire, car si nous nous trompons c’est le meilleur qui survient. Crier : non non non! peut aussi donner l’impression de s’impliquer, de participer, jouer un rôle et faire quelque chose dans la vie de notre milieu. Ce n’est pas le cas.

Ça prend des idées!

Le mieux-être et le bonheur sont affaires de créativité.

Enfance captive


« Écartant le rideau du bleu, trois anges sont descendus du ciel. Ils sont entrés par la fenêtre de la cuisine, se sont assis autour de la table sans prononcer un mot, m’ont regardé. Je les reconnaissais. Ils venaient de mon enfance captive, des lumières bleutées d’un massif d’hortensias et des trilles inlassablement repris d’un merle cherchant à rompre une trop longue solitude. »

Christian Bobin, Prisonnier au berceau.

24 mars 2010

Procrastination 101

La vie est rude, intense, parfois insupportable. Solution : une journée de procrastination.

Jeudi le 25 mars 2010 est la « première journée mondiale de la procrastination », journée lancée par la maison d’édition française Anabet. « C’est tout sauf un mot d’ordre, explique le porte-parole. C’est l’occasion d’appuyer sur la touche pause, un temps de mise à distance, de réflexion. »

Un livre a été édité sur le sujet (j’imagine qu’on a souvent remis le lancement au lendemain…). Son titre : Demain c’est bien aussi. Les deux auteurs se définissent comme « ceinture noire en procrastination » et leur intention est de « montrer comment adapter le monde extérieur à nos capacités d’organisation limitées. »

Notre course folle demande des temps d’arrêt. Procrastination ou pas, je crois personnellement dans la devise : « Ralentissez, ça presse! » À défaut de remettre constamment au lendemain, au moins les choses seront faites comme il faut, sans « dead line » impossible.

Bref, j’en suis à me demander si la procrastination ne serait pas seulement qu’un réflexe involontaire pour qui aime les choses bien faites, lentement, avec précaution (en laissant l’inconscient ou notre monde intérieur travailler) plutôt qu’avec impulsivité, sans prendre le temps d’embrasser tous les tenants et aboutissants.

À une nuance près : lorsque nous sommes étudiants et qu’il faut remettre des travaux à une date précise…

23 mars 2010

Modeste vanité...

"Il faut se dire : je suis le meilleur, sinon on ne fait jamais rien. Comment voulez-vous créer de la musique après Beethoven, Ravel, Mozart?"

Léo Ferré

22 mars 2010

Lire, c'est la vie

Quels anciens étudiants au Québec ne connaissent pas l’écrivain Jacques Godbout? Son Salut Galarneau? Il vient de publier un dernier livre : Lire, c’est la vie.

Le titre est intrigant et demanderait d’infinies nuances, car je suis à peu près certain que le cinquante pour cent de la population qui ne lit jamais n’est pas d’accord avec l’affirmation. Ensuite il y a l’autre moitié, et là je n’ose m’aventurer…

Je compte bien relire Godbout. En attendant, Didier Fessou, dans sa chronique « Lectures » du journal LeSoleil, dimanche 21 mars 2010, nous donne un aperçu de ce livre. Et voici l’extrait fatidique : « La vie réelle est à la portée de tous; la vraie vie, celle de la littérature, nous permet d’approfondir la vie réelle, mais demande un effort de l’esprit. En trois heures d’absence au monde, plongé dans un roman russe, vous avez vécu trente ans de plus que votre voisin qui a passé sa soirée au centre commercial; vous êtes donc plus riche, et lui plus pauvre d’être de cette pauvreté qu’aucun bien-être social ne saurait adoucir. »

J’entends ici comme une immense rumeur, un brouhaha cacophonique qui s’élève dans la salle…

Car, à défaut de lire, rien ne nous oblige à aller perdre notre temps dans une panoplie d’activités futiles. Et nous devons avouer qu’il y a une multitude de gestes, d’actions, de créations qui font de la vie une richesse qu’on ne peut nier ni contester.

Je pense donc que les mots importants à retenir de l’extrait sont : « approfondir la vie réelle ». Ça, c’est autre chose!

Lire est un moteur de cet approfondissement. Il nous rapproche aussi de la méditation, de la réflexion. Et c’est là que le bât blesse. Qu’avons-nous à faire de nous casser la tête, c’est déjà assez pénible de vivre, pourrions nous claironner.

Pourtant si je disais qu’il s’agit simplement d’arrêter de ressasser nos problèmes personnels, de s’oublier un peu et puis, tout doucement, d’accepter de voir qu’il y a toute une vie qui grouille autour de nous. D’autres cultures abondent, d’autres croyances, langages, religions et nous n’en sommes pas moins tous des êtres humains dont la dignité vaut la peine d’être reconnue et acceptée.

Au fond, n’est-ce pas au moins cela la lecture? Constater que tout un monde de différences existe sur terre.

Ce que nous en faisons, c’est libre à nous.

19 mars 2010

Mon nom est "Personne"


Déjà, j’avais essayé de lire James Joyce, son Ulysse. Un monument, nous disent les critiques. Ce fut peine perdue et j’arrêtai aux environs de la page quinze, subitement contraint à remettre en question ma faculté de compréhension… et d’appréciation.

Ulysse a beau être un livre culte, je préfère demeurer inculte. Je réessayerai dans vingt ans.

Fernando Pessoa, c’est autre chose. J’ai lu la moitié de son livre fort énigmatique (pour moi) « Le livre de l’intranquillité ». J’ai peut-être saisi la moitié de cette moitié.

Pessoa (personne, en français) se fait de plus en plus connaître depuis qu’on a exhumé d’une malle 27543 textes après sa mort. La particularité de l’écrivain et poète portugais réside dans son hétéronymie. Il écrit sous plusieurs noms comme Alberto Caeiro, Berdardo Soares, Ricardo Reis, noms qui ont une telle présence, une telle force qu’il les détaille dans des biographies justifiant leurs différences. (Wikipédia)

Dans une lettre écrite en 1935 à Adolfo Casais Monteiro, il dit ceci : « Un jour je m’approchai d’une haute commode et, prenant une feuille de papier, je me mis à écrire, debout, comme je le fais chaque fois que je peux. Et j’ai écrit trente et quelques poèmes d’affilée, dans une sorte d’extase dont je ne saurai saisir la nature. Ce fut le jour triomphal de ma vie et je ne pourrai en connaître d’autres comme celui-là. Je débutai par un titre : Le Gardeur de troupeaux. Et ce qui suivit fut l’apparition en moi de quelqu’un, à qui j’ai tout de suite donné le nom d’Alberto Caeiro. Excusez l’absurdité de la phrase : mon maître avait surgi en moi »

Voici ce que j’ai retenu, entre autres, de ma lecture de son « Le livre de l’intranquillité » :

« Nous sommes faits de mort. Cette chose que nous considérons comme étant la vie, c’est le sommeil de la vie réelle, la mort de ce que nous sommes réellement. Les morts naissent, ils ne meurent pas. » p. 13

« Il est humain de vouloir ce qui est nécessaire, et il est humain aussi de désirer, non ce qui est nécessaire, mais ce que nous trouvons désirable. Ce qui est maladif, c’est de désirer avec la même intensité le nécessaire et le désirable et de souffrir de son manque de perfection comme on souffrirait du manque de pain. Le mal romantique, le voilà : c’est vouloir la lune tout comme s’il existait un moyen de l’obtenir. » p. 83

18 mars 2010

Voyager léger

« Si tes voyages ne t’apprennent pas l’humilité et l’amour, tu n’as pas voyagé; s’ils ne brisent pas le sentiment de ta propre importance, tu n’as pas voyagé : tu n’as fait que déplacer ton corps d’un endroit à un autre. C’est lorsque la conscience change (et se déplace) qu’il y a un véritable voyage. Le reste, ce n’est que pour épater la galerie… »

16 mars 2010

La porte d'accès

« Le monde nous gratifie de peu de chose à présent, il semble n’être que vacarme et angoisse; cependant, l’herbe et les arbres continuent à pousser. Et même si un jour la terre entière est recouverte de blocs de béton, le grand ballet des nuages se poursuivra dans le ciel; ici et là des hommes continueront d’ouvrir grâce à leur art la porte d’accès au divin. »

Hermann Hesse, Éloge de la vieillesse.

12 mars 2010

Tabou

Que pensez-vous de cette affirmation? Est-il seulement possible de ne pas s’emporter en la lisant? Est-il possible d’en discuter en faisant fi de nos propres convictions?

« Une religion, qu’est-ce d’autre qu’une doctrine qui explique quelque chose que l’on ne comprend pas (ex. : l’existence de l’univers, de la vie, de la pensée) par quelque chose que l’on comprend encore moins (Dieu)? Et que peut valoir, d’un point de vue rationnel, cette explication? C’est “l’asile de l’ignorance” comme disait Spinoza. »

André Comte-Sponville

Une des grandes épreuves de l’existence demeure de savoir dialoguer avec politesse et respect sur certains sujets délicats. C’est important de le faire sinon ces sujets prennent rapidement le statut de « Tabou », et là tout peut déraper…

Avec inquiétude, je me pose aussi cette question : est-il encore possible d’établir un dialogue et d’écouter attentivement le point de vue de l’autre, sans préjugés, afin non pas d’en arriver à des compromis, mais simplement de nous faire avancer d’un pas supplémentaire, ensemble, sur la voie de la connaissance par l'expérience?

10 mars 2010

Humer le printemps...


Je me déchire lentement du poids de l’hiver.

J’ai beau aimer le blanc, les grands arbres dénudés et le son craquant de mes bottes qui s’agrippent à la neige; j’ai beau aimer la glace qui m’incite à la glisse et le sortilège enchanté des nuits froides et des tempêtes qui construisent tant d’histoires folles à l’intérieur de mes quatre murs rassurants, j’ai beau aimer, puisque c’est mon sort, il n’en demeure pas moins que le printemps nouveau sera toujours une promesse d’enchantements.

Durant la renaissance du printemps, je suis assuré que « l’homo quebecensis » s’épanouit, qu’il devient beau comme une fleur. Il perce le sol, devient crocus aux couleurs de bonbons. Il se fait tulipes maculant la terre de sang et d’ocre. Il s’exprime, chante, s’égosille et piaille. Fait l’oiseau et des saltos arrière, coefficient de difficultés à neuf virgule trois. Je le vois s’affairer, grimper, scier. Il brûle d’une énergie folle.

J’aime le poids de l’hiver, car sa délivrance me rappelle les joies de la légèreté et des envols possibles.

Nos hivers sont redoutables. Nous obligent. Nous restreignent.

Nos hivers préfigurent un tel amour de la liberté!

Désirer le présent

"Que chacun examine ses pensées. Il les trouvera toute occupées au passé ou à l'avenir.

Nous pensons presque point au présent, et si nous y pensons ce n'est que pour en prendre la lumière pour disposer de l'avenir. Le présent n'est jamais notre fin.

Le passé et le présent sont nos moyens; le seul avenir est notre fin.

Ainsi nous ne vivons jamais, mais nous espérons de vivre, et, nous disposant toujours à être heureux, il est inévitable que nous ne le soyons jamais."

Blaise Pascal, Pensées.

8 mars 2010

Guides

J’ai toujours peine à contenir cette pulsion qui m’enjoins à embrasser corps et âme l’univers éperdu de ces deux folles : nature et culture. Je me munis de guides puis m’élance. Je m’abandonne comme un enfant émerveillé qui questionne de tous ses sens des mondes sans limites, se gardant bien de les juger, s’évertuant à les aimer simplement. Sinon je me fatigue…

Nous sommes choyés au Québec de pouvoir être accompagné de maîtres en la matière. J’ai en tête les noms de Pierre Morency, Serge Bouchard et Robert Lalonde. Je reviens constamment à ces trois piliers. Ils viennent restituer avec art, passion et précision ce qu’ils éprouvent et que je n’arrive pas moi-même à exprimer. Cette grâce leur appartient.

Ils sont pour moi des cordes qui m’aident à me relier au monde. Ils sont des cordes solides auxquelles je m’attache lorsque me vient aussi l’envie d’aller explorer quelques cavernes ou grottes dans les entrailles profondes de ma folie intérieure.

J’aime sentir le moelleux de ma terre, mais j’aime aussi sa dureté et ses sursauts de colère. Ces émotions troubles m’invitent à accepter ses habitants, obscurs naufragés qui ne demandent pas mieux qu’à comprendre ce qu’il leur arrive.

J’aime d’un amour profond ces êtres qui ne s’avouent pas vaincus, qui explorent les lieux de beauté et pataugent sans prétention dans la mare des dédaignés.

Ces écrivains mentionnés en sont. Ils ne craignent ni le monde, ni ses manifestations, et nous exhortent à l’exploration et la compréhension. Ils nous tendent la main pour les aimer avec passion, sachant pourtant que bien des énergumènes les méprisent sans même se donner la peine de les embrasser pour mieux les voir.

Nous avons bien besoin de guides.

Leçon d'humanité

"L'homme fort, tel Héraclès, tel Prométhée, est capable de se mesurer aux épreuves et aux Dieux.

Mais l'homme fort blessé est de taille à entrer en communion avec les souffrances d'autrui et, même s'il ne cherche ni reconnaissance ni miséricorde de la part des siens, il peut fléchir le courroux de Zeus, donner au dieu impitoyable une leçon d'humanité"

Jacqueline Kelen, Divine blessure.

3 mars 2010

Le malheur des purs

"Le mieux que nous ayons à faire c'est de rêver d'un monde meilleur. Le malheur de l'homme, c'est d'avoir trop souvent rêvé d'un monde parfait."
(Petit éloge de la vie de tous les jours, p.28, Folio n°4954, 2009)

Franz Bartlelt

Grippe d'impôt BOA (h1n1) T4, etc.


Rien de mieux pour apprécier après coup les beautés de l’existence que de nous expédier corps et âme dans le fourreau compact d’une bonne grosse déclaration d’impôt (ou de revenu) jusqu’à s’en éclater le cerveau.

Une telle occupation touche pourtant l’obligation et sert de nourriture à la conformité et à cette présence sociale au monde que nous partageons tous. Il s’agit donc de l'accepter comme on accepte parfois d’être grippé à une certaine période de l’année.

Mais par chance et par nécessité reviennent très vite ces moments sacrés de douces folies, de contacts vrais avec la nature, avec la grande vie, et tout ça nous attend là, à nos pieds, loin très loin de la tyrannie oppressante de la raison. Nous n’avons ensuite qu’à nous pencher humblement et à cueillir la fine fleur de l’exaltation, celle qui nous libère de son parfum et nous conduit à l’autre extrémité du réel, hors du fourreau…

1 mars 2010

Le labo des âmes


« J’avance à petits pas de bonnes sœurs en retard à la messe, sur la route de glace. Les arbres ploient jusqu’au milieu du chemin. Partout, des branches tombées, d’affreux bouquets d’éclisses. La nature est généreuse et mauvaise. Elle crée, détruit, donne, reprend. Le monde est un infini laboratoire de paix et d’horreurs, et l’âme de chacun, un atome en fusion, alternativement feu pâle et flammes dévorantes. »

Robert Lalonde "Le monde sur le flanc de la truite."