4 janvier 2010

Nouvelle année en haute résolution


Nous soulignons les changements d’années par des résolutions qui, le plus souvent, finissent par remplir les limbes de l’oubli. De résolutions, elles se transforment bien vite en tentatives contraignantes puis en désillusions. Les vieilles habitudes reprennent le dessus, ignorantes des changements possibles qui auraient pu nous déplacer en dehors de sentiers déjà balisés.

Le transfert d’année surgit à l’intérieur d’un temps mesuré, d’une mécanique sans réelles valeurs fécondes. Il se manifeste dans une joie festive renouvelée qui fait partie du patrimoine. C’est ce partage qui est heureux, le sentiment de participer à une expérience commune que personne ne saurait déplorer.

Le jour de l’an transforme un nombre que nous intégrons comme toujours à notre comptabilité. Nous pensons alors que le moment est venu de transformer aussi quelque chose en nous ou autour de nous, quelque chose qui nous importe et nous tient à cœur. Mais comme l'émotion et l'intensité font défaut, ça ne fonctionne pas la plupart du temps.

Est-ce le meilleur moment pour prendre une résolution? J’en doute. — il faut être résolu pour tenir une résolution — L’humain étant ce qu’il est, l’imprévu générateur de peur et de souffrance demeure sans doute le seul aiguillon capable de soutenir une intention qui soit conservée. Nous apprenons qu’une maladie, peut-être fatale, nous ronge et nous devenons résolus. Nous venons de perdre notre emploi et une nouvelle détermination nous habite.

Est-ce que les « coups du sort » sont nécessaires pour engendrer les changements longuement souhaités? Je dois constater que oui. La forte émotion créée nous pousse, nous force même à agir, à bouger, à modifier un comportement négatif ou handicapant. Cette émotion est le carburant des résolutions.

Je ne vois qu’un autre moyen, hors la souffrance, pour nous stimuler sans nous faire fléchir. Faire l’expérience de ce que nous appelons le sacré ou le numineux : lorsqu'un moment de grâce nous habite, que la transcendance rompt la carapace de rationalité qui nous a toujours menés aveuglément. Ce peut être un rêve, une simple rencontre ou une lecture inoubliable que nous n’attendions pas, une coïncidence significative qui nous bouleverse, l’extase devant la beauté surprenante de la nature, une lumière, un chant glorieux et même le silence dans toute son humilité.

Cette expérience éprouvée nous saisit et nous relance sans que nous comprenions le pourquoi. Un « je ne sais quoi » est apparu aussi soudainement que l’éclair. Une urgence finit par s’installer, comme si le temps qui nous était imparti devenait le germe précieux de découvertes et d'apprentissages qui nous chambardent de fond en combe.

Être et comprendre le sens de cet "Être" devient alors notre mode de vie, l’unique moteur d’une existence à peaufiner de manière impeccable, résolument, avec passion, dans le but de nous unir à l’incomparable marche en avant de nos semblables qui nous accompagnent.

* Illustration: Mathieu Plante -- (www.mathieupdesign.com)

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