La vieillesse me fait mal en chien! L’arbre se rabougrit, ses branches sifflent dans le vent et produisent des craquements sinistres, quand ce n’est pas l’habillement ordinaire des feuilles qui disparaissent complètement à certaines extrémités. Non pas que je refuse de vieillir. Cet inéluctable a déjà tranché la question à bien d’autres avant. Mais là c’est moi qui suis l’heureux récipiendaire d’une expérience que je n’ai pas choisie.
Cette vieillesse je la constate et l’enregistre avec toute sa vigueur inflexible et surtout je la sens irrémédiable, brandissant son fouet avec arrogance sur ce corps qui me transporte, et cela m’attriste. Il répondait pourtant si bien mon véhicule lorsque j’étais dans la fleur de l’âge. Mon regret provient de là sans doute. Mais bon…
Maintenant j’ai la surprise d’exister autrement, car je sais que je suis en perte de contrôle, en état précaire de minutieuse diminution. L’outrage de l’âge, dit-on. Voilà ce qu’il y a de traître avec
Avant, dans la fleur de cette jeunesse que j’évoquais avec une certaine nostalgie, je n’en avais que pour l’action. J’étais courir, sauter et grimper. J’étais explorer, manipuler, toucher, enjamber, cacher, crier, frapper, pleurer, rire, chanter, gémir. Sans que tout cela m’en coute un sou d’effort. Maintenant j’y pense… Je tourne un peu plus en rond, je ralentis et j’écoute. La position assise a pris le dessus. J’ai moins de swing et la compagnie m’emmerde souvent, car elle s’agite et fait du bruit, ce que je ne tolère plus, car je veux le silence et la paix.
J’ai vécu ma jeunesse avec passion, sans me ménager et j’en ai mal partout d’ailleurs. Maintenant, je veux tout donner pour cette vieillesse qui prend place. La passion n’a pas d’âge. Dieu merci!
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