Je songe aux mots de Pascal (encore) devant la blancheur des lignes qui se profilent là devant moi. "Le silence de ces espaces infinis m'effraie". L'angoisse de ne plus savoir quoi dire, de ne plus trouver les mots, l'angoisse d'un vide qui ne peut se décrire et s'écrire. Je me dis pourtant qu'il il y a toujours ce devant soi à bâtir d'une conscience, un silence à subjuguer et à remplir d'un mot puis d'un autre, comme des milliers de petits pas permettant de franchir une distance voulue et longuement désirée.
29 juillet 2009
Écrire sa vie
Je songe aux mots de Pascal (encore) devant la blancheur des lignes qui se profilent là devant moi. "Le silence de ces espaces infinis m'effraie". L'angoisse de ne plus savoir quoi dire, de ne plus trouver les mots, l'angoisse d'un vide qui ne peut se décrire et s'écrire. Je me dis pourtant qu'il il y a toujours ce devant soi à bâtir d'une conscience, un silence à subjuguer et à remplir d'un mot puis d'un autre, comme des milliers de petits pas permettant de franchir une distance voulue et longuement désirée.
24 juillet 2009
"Tambour battant dès l'aurore"
23 juillet 2009
L'impitoyable
22 juillet 2009
Pow-Wow

Je me sens à l’aise dans Wendake : le « Village-Huron » de Québec, bien connu à cause de son ancien chef, Max Gros-Louis. J’y circule maintes fois à vélo, et à chacune de ces occasions je redécouvre une sorte de familiarité. J’éprouve aussi une fierté à partager un même espace avec des Amérindiens. Tout en reconnaissant que nous leur avons subtilisé de belles façons, cet espace.
Ce matin, j’ai rencontré un homme marchant avec un enfant d’environ huit ans. À tout hasard, je lui ai demandé s’il y avait un « pow-wow » cette année au village. Il m’a dit oui tout en me mentionnant que son fils y danserait pour la première fois.
J’ai décelé quantité d’étincelles dans leurs yeux…
L’an passé j’avais assisté à mon grand bonheur à ce rassemblement de différentes tribus de la province de Québec et même de l’extérieur. Des Ojibwés de l’Ontario et des Indiens du Pérou y participaient aussi, si je ne m’abuse.
Cette fête vaut le détour. Traditionnellement, il s’agissait d’un événement à connotation religieuse. Aujourd’hui, l’aspect festif a pris le dessus avec des concours de danse ainsi que des présentoirs sur l’artisanat traditionnel.
Je me souviens d’une parade fort colorée d’Amérindiens revêtus de leurs plus beaux atours et défilant au pas de danse au rythme des tambours accompagnés de chants. Ils ont dansé en cercle durant plusieurs minutes autour d’un axe central, un drapeau. Hommes, femmes et enfants.
Comme nous étions plusieurs à savourer pour la première fois un tel déploiement, un animateur nous en décrivait au fur et à mesure les grandes lignes. À un moment donné, il nous exhorta à ne pas photographier ni filmer l’événement. « Observez attentivement, nous dit-il, et gravez tout ça dans votre cœur plutôt que sur pellicule. »
Je ne sais si cette attitude est typique des Amérindiens, mais je reconnais qu’elle est pleine de sagesse.
13 juillet 2009
Vrai ou faux ?
"Arbre aux trésors" (Illustration: Mathieu Plante)
12 juillet 2009
La nuit du cirque
10 juillet 2009
Mort et renaissance

Si ce n’était la crainte d’exagérer un tantinet, je miserais un p’tit $5 sur l’idée qu’il n’y a vraiment que deux moments importants dans une journée : celui du couché et son envers la levée.
D’autant qu’ils se rencontrent en tous lieux et de tout temps. Des moments on ne peut plus universels dont nous ne pouvons nous soustraire, sous peine de sombrer dans une léthargie.
Donc bien terminer et bien commencer sa journée.
Une sorte de petite mort et de renaissance.
Je me demande même si cette conjoncture à l’intérieur d’une vie ne préfigurerait pas une plus large structure? Pour parler comme les historiens… Morts et renaissances?
Nous coucher l’esprit au clair, les choses en ordre, entrevoyant des rêves salvateurs. Profitant du repos pour refaire le plein d’énergie et d’intentions fécondes. Nous lever pour s’exercer à vivre. Nous lever du bon pied c’est important, car nous risquerions de trébucher plus souvent qu’il ne faut.
Ce cycle peut être productif. Sinon il devient vite infernal. Quelles raisons aurions-nous de le perpétuer si le vivre est sans espoir ?
Nous coucher pour nous régénérer. Nous lever pour voir, vivre, accomplir et réaliser.
Autrement, nous ne sommes pas grand-chose. Notre vie « un simple frisson dans le désert immense de la non-existence » S. Bouchard
9 juillet 2009
-A + (- EM) + (- P I) -> E∞
Un soupçon de silence intérieur, et notre vie bascule.
Un flot de pensées et d’images circule sans arrêt en nous. Il est si fort et si constant qu’il réussit même à engendrer des humeurs et émotions diverses qui se transforment plus tard en gestes et en actions de toutes sortes. Nul ne peut nier ce phénomène proprement humain. Nous interprétons le monde, nous nous contons des histoires, nous nous valorisons ou encore nous nous apitoyons sur notre sort et jouons les victimes, nous nous identifions à un clan, sommes partisans ou non, jouons les héros et portons différents masques pour nous particulariser.
D’où provient cette énergie qui produit ce flot continu? Savons-nous à quel point il est fort, à quel point il peut même nous bouleverser et nous pousser à poser des gestes inqualifiables? L’esprit ou le mental de l’homme agit comme un instrument au mouvement perpétuel et il est permis de s’émerveiller de voir à quel point il semble infatigable. Pourtant, il parait impossible que ce mouvement soit de génération spontanée. Il doit y avoir une source, une cause première. C’est comme si un mauvais génie présidait à la création de ces pensées et images qui nous hantent. Car, il faut bien l’avouer, la plupart du temps ces dernières ne nous honorent pas le moins du monde. Certains proclament que le cerveau est la cause de tout ce brouhaha. Mais pourquoi diable ce même cerveau produirait-il ce qui finalement va à l’encontre de sa propre survie, soit en s’autodétruisant par le suicide, des dépendances néfastes, etc. ou soit en annihilant ce prochain qui lui-même possède un cerveau ? Le cerveau ne génère pas, il transforme et exécute…Une conscience (et inconscience) préside. C'est ma perception, mais le débat reste ouvert.
Cette énergie qui nous pousse à produire ce flot de pensées est-elle à jamais incontrôlable? Peut-on lui opposer une digue ou un filtre qui servirait à tout le moins à l’amener à forger des humeurs plus sereines et paisibles malgré les aléas de la vie?
Un soupçon de silence, et tout bascule. La nature a horreur du vide et l’humain n’en est pas exempté.
Je ne sais par quel miracle le phénomène se produit, mais à chaque fois où je m’oblige à cesser de penser et produire des images, il y a comme une apparition spontanée de sérénité, de paix et de contentement qui prend le relais. Je suis même tenté de dire que tout ça est scientifique puisque l’expérience se répète constamment avec les mêmes résultats.
La difficulté est d’arrêter de penser. Comment arrêter le flot? La direction habituelle va de l’intérieur vers l’extérieur soit : E à (P+I) + (EM) = A. Il y a d’abord l’énergie (E), transformée en pensées ou images (P+I), saupoudrée d’émotions (EM) se transformant par la suite en agir (A) dans le monde extérieur.
Qu’arrive-t-il si le processus est inversé intentionnellement? Au lieu de l’action incontrôlée et tous azimuts, nous commençons par une période de repos contemplative, ou silence intérieur.( un non-agir ou ne-pas-faire ) Ensuite images et pensées finissent par s’estomper graduellement. Je postule ici que l’énergie, faute d’issue vers l’extérieur, commence à emplir la conscience (ou notre être intérieur), à l’inonder de sa radiance, à la purifier de ses déchets inutiles. Un « Être » prend place et il finit par déborder autour de nous sans même que nous nous en rendions compte. Je crois l’effet cumulatif et il suffit de mettre ensuite un holà au flot de nos pensées (autocontemplation, complaisance, apitoiement sur soi, prétention, peur, etc.) pour que le processus reprenne spontanément et que nous redevenions fluides, légers, aimants, enthousiastes, bref une sorte de canal pour cette Énergie mystérieuse, infinie, « divine? », désormais libérée de contraintes inutiles.
Alors: -A + (- EM) + (- P I) à E∞
Une équation de plus.Une simple hypothèse dans l'exploration du grand mystère de la conscience.
Plongeon parfait

Un texte exceptionnel de Pierre Foglia de La Presse (20 aout 2008) qui me laissa pantois : « Un plongeon parfait est un plongeon difficile, mais si bien exécuté qu’il a l’air facile. Il en va du même principe dans tous les sports de représentation : gymnastique, nage synchro, patinage artistique. On pourrait dire qu’il en va de même dans les arts, les danseurs ne doivent pas avoir l’air de danser et les écrivains d’écrire.
La différence c’est que son œuvre exécutée, le plongeur, lui, disparaît. C’est la finalité finale de son geste : disparaître. En cela le plongeon est bien plus près de
Tous les sports, tous les arts visent à
C’est bien ce que je vous disais juste avant : le plongeon nous enseigne à mourir.
Quand on meurt, tout de suite après le grand plongeon, là où on arrive en s’ébrouant comme les plongeurs qui ressortent de l’eau, sept juges nous notent sur les pirouettes qu’on a faites dans la vie, et multiplient par le quotient de difficulté, très important le quotient de difficulté. Il fait toute la différence.
On est noté sur le splash, le remous, la broue qu’on laisse en sortant.
Une vie parfaite est celle qui ne fait pas de splash. Les plus humbles, les plus effacés, ceux-là qui auront traversé la vie comme un couteau entre dans l’eau sans faire de splash, ceux-là auront des 10. »
8 juillet 2009
Parler
Parler vite et fort : lorsqu’il y a des dizaines ou même des centaines de voix en nous qui veulent se faire entendre et se bousculent. (Ces voix proviennent de l’enfance, ses blessures et ses regrets, de nos parents, de tous ceux qui décident pour nous, car nous leur laissons cette place de choix, d’une autorité morale, d’un parti, d’un groupement, d’un auteur qui nous touche et dont nous avalons aveuglément les idées, d’un gourou et de sa secte, des amis, des médias, de la mode, de l’air du temps, des escrocs, des marchands d’illusions et de peur, des requins de la droite et de la gauche qui n’en veulent qu’à nos biens et à notre conscience, d’une église, d’une ou des lectures qui nous ont touchés de près.)
Parler naturellement. (Ce qui revient à dire : parler avec douceur, lentement, avec hésitation même, car le choix des mots est parfois difficile lorsque nous sommes seuls à en porter la responsabilité), parler aisément lorsque nous nous exprimons — avec notre cœur comme seul témoin.
7 juillet 2009
Bonheur vert
La pluie encore...
Martin Léon
6 juillet 2009
Vieux schnock
La vieillesse me fait mal en chien! L’arbre se rabougrit, ses branches sifflent dans le vent et produisent des craquements sinistres, quand ce n’est pas l’habillement ordinaire des feuilles qui disparaissent complètement à certaines extrémités. Non pas que je refuse de vieillir. Cet inéluctable a déjà tranché la question à bien d’autres avant. Mais là c’est moi qui suis l’heureux récipiendaire d’une expérience que je n’ai pas choisie.
Cette vieillesse je la constate et l’enregistre avec toute sa vigueur inflexible et surtout je la sens irrémédiable, brandissant son fouet avec arrogance sur ce corps qui me transporte, et cela m’attriste. Il répondait pourtant si bien mon véhicule lorsque j’étais dans la fleur de l’âge. Mon regret provient de là sans doute. Mais bon…
Maintenant j’ai la surprise d’exister autrement, car je sais que je suis en perte de contrôle, en état précaire de minutieuse diminution. L’outrage de l’âge, dit-on. Voilà ce qu’il y a de traître avec
Avant, dans la fleur de cette jeunesse que j’évoquais avec une certaine nostalgie, je n’en avais que pour l’action. J’étais courir, sauter et grimper. J’étais explorer, manipuler, toucher, enjamber, cacher, crier, frapper, pleurer, rire, chanter, gémir. Sans que tout cela m’en coute un sou d’effort. Maintenant j’y pense… Je tourne un peu plus en rond, je ralentis et j’écoute. La position assise a pris le dessus. J’ai moins de swing et la compagnie m’emmerde souvent, car elle s’agite et fait du bruit, ce que je ne tolère plus, car je veux le silence et la paix.
J’ai vécu ma jeunesse avec passion, sans me ménager et j’en ai mal partout d’ailleurs. Maintenant, je veux tout donner pour cette vieillesse qui prend place. La passion n’a pas d’âge. Dieu merci!
Les deux yeux de l'âme
« L'âme a deux yeux : l'un regarde le temps
Et l'autre se tourne vers l'éternité. »
Angelus Silesius (Le Voyageur chérubinique, trad. Maël Renouard , p.261, Rivages poche n°464)
C’est le mystère de
Pourquoi ce retournement ? Dans quel but? Quelle est cette étincelle qui a déclenché ce revirement de situation?
Je sais toute l’énergie requise pour seulement se mouvoir et survivre en ce monde, pour seulement comprendre et embellir ce monde. Je sais le temps requis malgré notre impatience, nos tâtonnements. Je sais par contre, que malgré cet état de fait, que malgré les contraintes, les appréhensions, les peurs, je sais de façon indéniable qu’il arrive un moment où la conscience (l’âme) change de cap et chuchote à notre entendement que le temps est venu de larguer la durée et de s’accrocher à l’éternité, au « non-temps ».
Il apparaît qu’une sorte de volonté a réussi à percer notre carapace et à se frayer un chemin jusqu’à notre conscience pour lui signifier de tenter une incursion hors du monde phénoménal, physique et observable, pour aller jouer dans l’infini, s’élargir, voyager, connaître et ensuite rapporter au monde que « tout va bien », c’est-à-dire que tout se tient et a un sens.
Tout se passe comme si une intelligence supérieure nous enjoignait de dérouler une carte à trois dimensions de la vie pour mieux nous situer et nous conduire à travers les innombrables méandres qui
À remarquer ceci : une fois que cette « volonté » nous a agrippés, non seulement ne nous lâche-t-elle pas, mais elle croît et s’amplifie. Elle s’insère minutieusement et méthodiquement à l’intérieur de notre être et cherche une voie d’expression, un canal d’écoulement. Cette volonté est implacable. Lorsqu’elle nous empoigne, plus rien ne lui résiste et il vaut mieux s’aligner avec elle et nous abandonner. Chose curieuse, elle nous mène à coup sûr vers un épanouissement, une totalité, une éthique exemplaire, une liberté sans égale…
Je sais que ce deuxième œil de l’âme, celui tourné vers l’éternité, n’aura jamais la cote et sera bafoué non seulement par la raison, mais aussi par toutes « les religions du pouvoir ». Le combat de l’homme libre se déroule à l’intérieur de ce champ. Je sais la tâche difficile mais elle ne sera jamais vaine.
2 juillet 2009
Gaspésie 3
1 juillet 2009
Gaspésie 2
Le temps en Gaspésie n'est pas le même qu'en ville. C'est le temps de la mer, ses marées, ses vagues. Le mouvement perpétuel. C'est aussi le temps de la pierre et de son silence, le temps de l'immuable et de la durée qui nous échappe.