4 mars 2011

La revanche des arbres


Un entrelacs de branches nues s’époumone vers les hauteurs d’un ciel d’hiver qui n’en finit plus de se défendre. Ces branches s’entortillent de près, se caressent, dessinent des lignes en montagnes russes pour s’amuser et peut-être pour se réchauffer en se donnant du courage. Je les entends murmurer entre elles, se dire des petits mots doux et se prononcer sur le temps qu’il fait; s’attendrir sur une promesse d’oiseaux et de nouvelles pousses printanières.

Je les observe par ma fenêtre; les grands arbres, mes nobles géants ne bronchent pas. Je me demande s’ils utilisent beaucoup d’énergie pour seulement se maintenir debout? Je sais qu’ils travaillent fort pour ne pas terminer congeler, je sais qu’ils sont faits solides, mais quand même... Leur mort apparente s’allie à ma volonté d’en finir avec ce froid lancinant qui s’étire comme une sombre nuit de l’âme. Que serait la chaleur sans son contraire, que serait la lumière sans l’obscurité?

Tout printemps arrivé, mes arbres émergent d’un ennui de glace. Mais avant, je les surveille, souffre avec eux dans le silence et le vent d’un Grand Nord affolant. Je leur donne mon soutien, les érige en dieu des humeurs solides, des humeurs sincères qui ne vacillent pas devant la tourmente. Je les fais naître à mon désir de m’unir à leur beauté. Ils sont ma revanche en friche d’une terre à produire.

Mes arbres donnent le goût d’une vie qui chancelle, qui frémit, qui se couche et se relève, qui explose dans tous les tons, à tout jamais.

Mes arbres expriment le seul amour qui compte, l’amour créé malgré la souffrance.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire