15 mars 2011

Chemise de travail en "Soi"


Cet après-midi-là, j’avais décidé de me rendre dans un amphithéâtre de la région pour assister à une représentation musicale mettant en vedette une chorale peu connue. Je m’assis dans les gradins sur le côté droit de la salle pour écouter. Un présentateur annonça que les chants seraient de types sacrés à consonance hindous et un certain nombre d’Indiens se présentèrent au même moment sur le devant de la scène. Je fermai les yeux et me laissai emporter par d’envoutantes sonorités, fredonnant moi-même un son répétitif dans ma tête.

Je me retrouvai subitement à l’extérieur de l’enceinte, marchant lentement dans un long corridor rempli de gens qui circulaient dans les deux sens. Après quelques pas, j’aperçus en retrait à ma gauche, à quelque dix mètres environ, une lueur qui pénétrait à travers une large porte vitrée. La porte dévoilait un parterre de fleurs coloré et d’arbres magnifiques qui resplendissaient au soleil. L’envie me pris de me diriger dans cette direction, mais je me ravisai en continuant dans le même corridor.

Ce qui se passait autour de moi m’intéressait au plus haut point, et j’étais curieux d’en connaître davantage sur les gens que je voyais déambuler et s’affairer. Mon attention était à son maximum. Je pris alors conscience que j’étais revêtu d’une très jolie chemise de « Soi » de teinte foncée, approchant le violet ou le rouge bourgogne et harmonisée d’une multitude de motifs complexes et bigarrés. Elle faisait corps avec mon être. C’était une chemise unique et j’étais le seul qui pouvait la porter.

Ma marche se poursuivit et j’aboutis bientôt dans une grande salle où des gens vaquaient à différentes occupations. Je fus cependant attiré par un groupe particulier assis deux par deux devant des échiquiers. Certains jouaient en silence et d’autres discutaient de la partie terminée, des bons et mauvais coups exécutés. Je m’approchai discrètement pour écouter. J’étais intéressé par les leçons tirées de leurs jeux : « j’aurais dû tenter ceci, j’ai craint de faire cela, je suis fier de ce coup, etc. »

Tout ça représentait la vie, comment des individus s’y prenaient pour la mener jusqu’à terme du mieux qu’il pouvait.

Je regardais, observais sans juger, fasciné, conscient d’exécuter une tâche précise, habillé de ma chemise de travail, prêt à aider et à rendre compte de la beauté et de la grandeur du sens que ces individus apportaient à leur existence ici-bas ainsi que des défis que cela comportait.

* Illustration: Mathieu Plante            

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire