11 juin 2009

Fable


Parfois la créativité nous entraîne en des lieux mystérieux qui font découvrir des liens surprenants entre des réalités à première vue irréconciliables.

En guise de défi, je me suis un jour lancé dans l'écriture d'une fable, façon Jean de la Fontaine, avec morale comme conclusion ainsi que l'utilisation d'animaux pour bien l'illustrer. La "classique". Et pour rendre la chose encore plus simple, j'ai choisi deux petites bêtes qui ont tout en commun... : le Requin et la Coccinelle. Le mariage entre les deux fut consommé à l'usure.

Un requin se baladait dans l'onde pure
Quand surgit du ciel, des nuages, du soleil,
Nous ne savons, quelle merveille!
Une coccinelle à l'orange pelure.

La demoiselle savait voler,
Il en est sûr;
Mais par dessus tout, elle adorait causer.
Se disait:"savante de la parlure".

Elle approcha le maître des eaux,
Qui ne broncha, peu s'en faut,
Et s'agrippa à sa nageoire
Comme il se doit, selon son bon vouloir.

C'est que l'énergumène,
Si minuscule soit-elle,
Se targuait de plus beau des spécimens,
Et que cela méritait respect, sans appel.

"Salut à toi, ogre des mers,
S'annonça-t-elle, sans préambule.
Je subodore, à ton approche, la marque de la colère.
Ou bien est-ce que je fabule?"

"Je suis venu ici pour t'haranguer,
Mais n'est-ce pas plutôt en enfer
Que j'aurais dû te rencontrer,
Fils de Lucifer."

"Comment, tu ne bronches donc point?
Ne sens-tu pas, irresponsable,
Que le jour n'est pas loin
Où tous nous t'appellerons: "Bête du diable"?

"Je suis, quant à moi,
Celle que l'on nomme: "Bête à bon Dieu".
Et on ne peut guère trouver mieux
Si cela est possible, dans cet emploi."

"Mais voilà le temps venu,
Pour faire un discours bref,
De bien trancher la question, sans grief.
De replacer les choses, comme elle sont dues."

"Tes jours sont comptés, seigneur du requin.
Et ne cherches pas à te sortir du pétrin.
Tu auras beau te pavaner, sûr de toi,
Tu finiras aussi dans la casserole, sans éclat."

Nageant dans sa mer tranquillité,
Notre rustaud en eut bientôt assez.
La bêtise avait pondu son ouvrage,
Ne restait qu'à venger l'outrage.

Ce requin ne fit ni un ni deux,
Et fidèle à ses principes
Balaya simplement la queue,
Puis avala l'intruse avec ses tripes.

Que reste-t-il à dire d'après vous
D'un si funeste destin?
Faut-il n'y voir qu'un banal festin
D'un être plein de courroux?

Si de l'un la nature fait mal paraître,
Néanmoins il ne saurait être autre.
Mais prétention à jouer le bon apôtre
Est bien puni car "qui veut faire l'ange fait la bête"!

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