18 septembre 2009

La Trame

Je parle de la singulière barbarie des hommes pour ne pas oublier, par contraste, leur étonnante compassion quand les situations l'exigent.

Je parle de haine et de bêtise inqualifiables pour me libérer d'une souffrance qui me tenaille lorsque je vois avec quelle intelligence et quelle volonté nous participons à nous détruire et nous éliminer. Je n'y peux rien et cette douleur n'a de cesse de me vriller le coeur. J'aimerais alors embrasser d'un seul élan l'ensemble de ceux qui souffrent et leur dire avec la même ardeur que, même si elle demeure intolérable, leur situation ne peut durer éternellement (tout ce qui survient doit un jour disparaître), qu'il faut garder courage et, si possible, en trouver un sens.

Je songe aussi à ces quelques lignes de Rilke, que j'avais un jour notées soigneusement, tirées des Sonnets à Orphée :

Fil de soie tu entras dans la Trame.
Quel que soit l'image à laquelle intérieurement
tu es uni
(que ce soit même à un moment pris dans une vie
de tourment),
sens que c'est le tapis entier, le tapis glorieux,
qui est en jeu.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire