6 août 2009

Charles Taylor


Peu de gens connaissaient le philosophe Charles Taylor avant qu'il ne soit placé sous les projecteurs lors des débats en 2007 sur les "Accommodements raisonnables". Avec Gérard Bouchard, il fut alors choisi par le premier ministre du Québec Jean Charest pour co-présider ce que l'on appela la "Commission de consultation sur les pratiques d'accommodement reliées aux différences culturelles."

Né d'une mère francophone et d'un père anglophone, il est considéré comme l'un des grand penseur du 20e siècle. Son livre Les Sources du moi est reconnu comme une somme inégalée dans la recherche d'une compréhension de l'homme moderne.

C'est une brique et je ne l'ai pas encore lue.

Toutefois son livre Grandeur et misère de la Modernité m'a beaucoup intéressé. Il y fait une différence très éclairante entre l'individualisme et le narcissisme ou l'égocentrisme qui caractérisent fort bien notre époque. Il parle du concept d'authenticité et reconnait "qu'il implique une création et une construction aussi bien qu'une découverte, une originalité, et souvent une opposition aux règles sociales et même, éventuellement, à ce que nous reconnaissons comme la morale." p. 86

Mais il précise, et c'est ce que je tiens à signaler, que l'individualisme, cette recherche d'authenticité, implique aussi "que nous ne nous préoccupons pas du moi, mais avant tout de quelques chose qui nous dépasse."

On parle alors d'une quête spirituelle, d'une recherche de sens à tout le moins. "(...) elle requiert, reprend-il, une ouverture à des horizons de signification et une définition de soi dans le dialogue."

Frederic Lenoir, dans son livre Les métamorphoses de Dieu, nous entraîne vers le même constat en affirmant que cet individualisme de l'homme moderne a finit par balancer le critère d'autorité en matière de croyances religieuses et de quête du divin pour en arriver à privilégier l'apport de l'expérience intérieure personnelle. L'être humain devient sa propre mesure, en quelque sorte. Une mesure d'authenticité qui l'aide à se réaliser librement et aussi de manière responsable, dans sa forme la plus élevée.

Pour finir, j'ai trouvé des commentaires très éclairants sur la pensée de Charles Taylor par Jacques Dufresne, dans un texte sur le site internet de L'Encyclopédie de l'Agora.

"S'il fallait préciser la définition de l'homme selon Taylor, il faudrait la chercher dans la phrase : l'homme est un être expressif, à compléter par le sous-entendu : qui formule une source intérieure." Il mentionne aussi que Taylor fait sienne la vision du monde de Herder (philosophe du 18e siècle) qui "est centré sur l'idée d'une énergie première constituant l'univers et la nature, s'individualisant ensuite pour devenir l'intériorité des peuples à l'échelle collective et celle des personnes à l'échelle individuelle." Elle implique l'idée que "chacun d'entre nous doit suivre sa propre voie; elle impose à chacun l'obligation de se mesurer à sa propre originalité."

Dufresne nous parle ensuite de "la voix intérieure, la nature intérieure chères à Taylor, (qui) deviennent ici une mélodie intérieure. Vivre ce sera exécuter aussi fidèlement que possible cette mélodie intérieure."

Je suis tout à fait en accord avec cette vision des choses.

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