11 août 2009

Le chant des scies rondes



Il y a bruit et bruit. Celui des "choses vivantes", des exclamations, des joies, des peurs et des débordements, je m'y fais. Elles me relient au monde. J'accepte les cris des enfants qui s'amusent, les coups de vents qui fouettent les fenêtres, les corneiles qui s'égosillent dans les grands arbres et les gens de l'entourages qui varnoussent, trépignent, piaffent et prigrassent.

Tout comme l'ensemble des images qui me frappent de leur lumière crue.

Toutefois, si ces dernères m'exaspèrent, je peux facilement tourner le regard, fermer les yeux, voir différemment, changer de postes.

Mais le bruit !

Je demeure en ville et j'accepte les aléas qui viennent avec. C'est mon choix. J'accepte par conséquent une certaine dose de bruit qui s'immisce. Une dose de bruit normale, compréhensible, acceptable. Je rajouterais : utile.

Je me pose tout de même de sérieuses questions quand les voisinages viennent qu'à utiliser ad nauseam des souffleuses à feuilles électriques, des "zips" à gazon et autres tondeuses infernales pour des micros terrains, à toute heure du jour, sept jours par semaine. (Dans l'Odyssée d'Homère, le héros Ulysse se fait attacher sur la mature de son navire pour ne pas succomber à l'envoûtant chant des sirènes. Personnellement, j'ai parfois le goût de m'enfermer à double tour dans ma résidence pour échapper au son lancinant et caressant des scies rondes en pleur.)

Je me pose aussi des questions, j'imagine légitimes, lorsque j'entends régulièrement et méthodiquement des pneus de voitures qui crissent pour rien ainsi que des moteurs de motos et d'autos hurlants au clair de lune.

Encore là, c'est sans doute une question de goût et de tolérance...

Mais en pleine nature, sur nos lacs et nos rivières, sur ce grand fleuve Saint-Laurent qui traverse le pays, dans nos forêts et nos campagnes, pourrait-on envisager une certaine retenue respectueuse envers ceux et celles qui veulent profiter d'un repos et d'un silence "approximatif" bien mérités ?

De la musique à tue-tête sur un lac, dans un camping, pourquoi ? Marquer son territoire, imposer sa loi ? Des motos marines achalantes comme des "frappes-à-bord", des yachts équipés de moteurs d'Airbus A380, c'est justifié ça ?

Regardez bien la photo ci-dessus (cliquez sur) et dites-moi si vous auriez aimé être à la place du plaisancier à bord du voilier, subissant l'assaut de la terreur des mers qui file à cent à l'heure. À près de deux kilomètres du rivage, je l'entendais gronder et rugir comme un dragon en rut crachant son eau de feu, et même encore après être disparu de mon champ de vision.

Acceptable ?

Pas sûr.

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