10 avril 2011

"Les ailes du désir"


Dans son film, Les ailes du désir, le réalisateur Wim Wenders met en scène des anges qui veillent sur les humains en circulant parmi eux à différents endroits de Berlin juste avant la chute du mur. Nous les voyons en train de recueillir leurs pensées intimes, leurs monologues intérieurs. Ils écoutent attentivement et assistent au déploiement des vies qui se dessinent devant eux. Un de ces anges devient un jour si séduit et touché par la grâce d’une trapéziste qu’il désire à tout prix partager enfin une existence de mortel avec elle.  

Je tiens moi aussi à veiller (m’émerveiller), mais à l’envers de ce que font les anges dans le film de Wenders. Je suis curieux du trésor qu’apporte mon semblable à cette existence. Je désire le connaître et le partager avec lui à travers l'enchevêtrement des doutes et des douleurs, des cris et des rires, des propos absurdes, de l'aveuglement et de l’incompréhension. Ce trésor, c’est tout ce qui exprime une recherche de sens et de beauté, une recherche assoiffée de vérité.

J’ai souvent souhaité rencontrer l’autre dans ce qu’il a de plus vrai, d’unique et d’authentique. Par delà l’apparence et la cuirasse épaisse de l’égo, j’ai cherché l’essence, le noyau, la part intime de son être. C’est avec cette part que je désire entrer en communication, car le reste n’abrite que le superflue, un superflue qui inonde la personnalité de scories et de résidus et qui n’apporte que distractions inutiles.

Je demeure fortement convaincu qu’une vie réussie, pleinement réussie, ne peut que passer par le tamis d’une recherche constante de sens et de beauté, quels que soient les difficultés, les manques et les laideurs qui se profilent devant nous et auxquels nous sommes confrontés.

À quelques reprises, j’ai assisté à la détresse et à la confrontation avec l’abime de gens qui se voyaient devant une mort assurée en raison d’une maladie incurable. En d’autres occasions, j’ai aussi perçu le bouleversement de certains autres face à la mort d’êtres chers. J’ai pu alors trouver une part de vulnérabilité et de fragilité chez eux, qui se transformaient par la suite en une prise de conscience et une recherche profonde de sens.

Je me demande pourtant, en toute naïveté peut-être, pourquoi attendre l’arrivée d’événements tragiques comme celle de la mort ou encore celle de maladies graves pour enfin s’ouvrir un tant soit peu à une recherche sincère et approfondie de sens.

Pourquoi attendre?

Pourquoi attendre notre vieillesse pour nous poser quelques questions judicieuses? Pourquoi attendre que notre énergie soit à son déclin pour entamer l’examen et la contemplation de notre vie? Pourquoi attendre une fin alors que dès maintenant il est possible de créer du sens avec ces matériaux inépuisables que sont la beauté et l’amour?

Pourquoi attendre? Qu’est qui nous distrait tant et avec une telle force de notre obligation de sens?       

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