7 mai 2010

Haute stratégie


Vous me diriez que le soccer (le foot, comme parlent les Français) est un sport de stratégie, de positionnement et d’attente et vous auriez tout à fait raison. Jouer en équipe est primordial. Le terrain est aussi vaste qu’un océan, les mêmes joueurs constamment en train de le labourer, il faut donc ménager ses forces et faire travailler tout le monde. Ça marche ainsi pour les pros, les maitres du drible.

La neige partie, les terrains asséchés, le jeu a repris en ville. Les enfants peuvent s’amuser à courir et botter du ballon dans une belle anarchie et un désordre général sans importance.

Il y a quelques années, j’ai accepté de coacher une équipe de jeunes garçons de 8-9 ans dans une ligue regroupant les différents quartiers de la ville de Québec. Je comptais m’amuser et entraîner les enfants dans cette même direction.

De fait, j’ai ri beaucoup. Mais pas toujours… Car, qui dit enfants, dit parents et les attentes de ces derniers se trouvaient parfois non proportionnelles à la simple réalité.

Les parents veulent et exigent, les enfants jouent.

Avant une partie, un père des mieux intentionné vint me trouver pour m’expliquer en long et en large une stratégie infaillible qui pourrait assurer une victoire certaine à notre équipe. Je l’écoutai attentivement. À côté de moi les gars couraient, se chamaillaient, exultaient en envoyant le ballon dans les buts. Un réchauffement bon enfant, comme à l’habitude. Je fis alors remarquer à ce père que je n’observais qu’un seul détail avant le premier coup de sifflet de l’arbitre. Un détail primordial. Il me demanda lequel. Je lui dis que je regardais attentivement chaque soulier des enfants pour savoir s’il était bien attaché.

Vous auriez aimé voir le visage de ce père…

Ma stratégie se résumait ainsi : si tu bottes allègrement le ballon, sans retenue, tu dois d’abord t’assurer que ton soulier demeure bien en prise. De fait, il arrivait fréquemment durant une partie qu’un jeune perdait son soulier et mettait notre équipe dans le trouble, le temps de le rattacher.

C’était la base. Je ne voyais rien d’autre. Et grâce à la complexité de cette stratégie, nous nous sommes rendus jusqu’en finale de notre groupe…

Morale?

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