31 mai 2010

Le chant de la serpillière

Poussière, samares et disamares s’amoncellent méthodiquement sur la galerie et le devant de la maison.

Ce matin, j’ai donc sorti le balai et j’ai entrepris une petite danse impromptue, un pas de deux de l’astiquage au son du froufrou des arbres qui se balancent dans le vent et des oiseaux qui ne manquent pas de commenter la question.

Ce simple labeur me rend heureux. Je fredonne alors des airs inventés ou siffle une mélodie qui me vient à l’esprit sans tenir compte de rien, ni du temps, ni de l’entourage. Ni surtout de la valeur du geste.

Je passe le balai et je me sens tout simplement libre et heureux. Je n’ai rien à prouver, je n’ai aucun monde à changer. Je n’ai pas ce poids faramineux sur les épaules qui exige de sauver la planète comme on le décline si souvent.

Je balaie consciencieusement. Point. Et j’aime penser que ce n’est pas juste un jeu, un mouvement mécanique obligatoire. Je crois plutôt à une création contre le temps. Imaginez si je laissais aller les choses et que vous pouviez voir en accéléré la lente dégradation de ce petit environnement qui est le mien. Imaginez ensuite si le désespoir venait gangrener le cœur de tous les hommes en même temps, tuant par le fait même la créativité et l’envie du meilleur, l’amour de l’équilibre et de l’harmonie.

Je pense et j'écris comme je passe le balai. En luttant contre le temps. Je persiste et signe : il n’y a de sens à cette vie que si nous sommes des créateurs. Il n’y a de sens à cette vie que si nous apportons un peu de notre précieuse énergie, à notre manière, à notre entourage. Cette musique, à elle seule, transcende toutes nos différences.

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