11 novembre 2009

Éloge de la pudeur

Je vois encore des mystères partout. Je sens que la vie dans toute sa richesse demeure une énigme inégalée. Je suis comme un enfant qui s’émerveille devant tant de grandeur, de beauté et aussi de haine, de souffrance incompréhensible et de bêtise. Bien fait pour moi.

Je vois aussi une vertu dans la retenue. Je veux dire la retenue dans l’empressement à émettre des affirmations rapides sur quelques sujets que ce soit, comme si c’était des évidences ou une question de bon sens.

Pas sûr que Dieu ou l’Amour sont des évidences. Essayez d’en parler autour de vous, essayez de vous entendre sur une définition de ces mots, sur ce qu’ils représentent concrètement dans vos vies. N’ayant très peu de temps et d’énergie à leur consacrer—nous sommes si occupés—nous les employons à la légère ou encore, ce qui est pire, nous sommes tentés de les utiliser pour influencer l’autre, le convaincre et même le manipuler de force.

Je m’en voudrais de propager le doute ou un scepticisme de bon aloi. Je ne partage aucunement cette euphorie quelque peu maladive à vouloir démasquer à tout prix certaines affirmations issues du monde religieux ou de chercheurs de la conscience, des faits de l’esprit et de l’imaginaire. Je suis porté à croire que certains sceptiques purs et durs devraient peut-être s’accorder quelques repos et cesser de traquer la petite bête spirituelle pour mieux la ridiculiser sous prétexte qu’elle n’entre pas dans l'ordre des données scientifiques. On n’est pas loin de la croyance aveugle lorsque ces mêmes sceptiques et férus de science vont ainsi jusqu’à prétendre que ce n’est qu’une question de temps avant de découvrir, mesurer et analyser des faits objectifs qui expliqueront tout. L’avenir est toujours radieux ou le réceptacle obscur de tous les « n’importe quoi ».

Il me reste quoi alors?

Le silence de la pudeur. La pudeur des mots surtout.

Je n’exclurai jamais le fait de croire. J’ai l’intuition profonde qu’il n’y a pas d’explication à tout. D’où un respect sacré envers un univers intérieur qui n’a de cesse de se manifester en moi. Une matrice s’est forgée dans laquelle se déverse une énergie qui m’aspire et m’inspire.

C’est tout ce que je sais. Ce que je sens et expérimente.

Je le dis avec beaucoup de pudeur.

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