9 novembre 2009

Paradis perdu


Un truc me chicote lorsque je lis une telle remarque : « Vingt ans après la chute du Mur, près d'un Allemand sur cinq originaire de l'ex-RDA est nostalgique du régime communiste est-allemand. »

On les appelle les « Ostalgiques ». Ils se réunissent, pour certains, dans un bistro situé près des anciens bureaux de la Stasi (la police secrète) et décoré par de sinistres artefacts rappelant la beauté surnaturelle d’un régime de surveillance absolue.

Ensemble, ils regrettent leur pauvre prison avec ses privations de liberté, ses pénuries, l’interdiction de voyager, son parti unique, la délation et la peur. Il aurait mieux valu que le Mur ne tombe pas, qu’ils disent.

Une étude publiée en 2008 souligne encore : « Qu’une majorité de jeunes Allemands de l'Est ignorait qui avait construit le mur de Berlin et pensait que le dictateur Erich Honecker, secrétaire général du SED, avait été élu démocratiquement, ou encore que l'environnement était mieux protégé en RDA qu'à l'Ouest. »

Je me souviens aussi avoir lu quelque part que nombre de résidents de la Russie regrettaient l’époque bénie alors que régnait Staline, leur dictateur adoré et sauveur du peuple.

Un truc me chicote, je disais. Il aurait fallu que je dise qu’il m’indispose grandement.

Je ne comprends pas ce désir de contrôle absolu. Je ne comprends pas cette « tentation totalitaire » Je peux encore moins accepter qu’on cherche à nous faire avaler de force des utopies dont le seul mérite est d’être parfaites, car elles n’existent pas. Et la non moindre de ces utopies est celle qui affirme qu’il serait donc bon que tout le monde pense pareil, agisse pareil, parle pareil. Ne voit-on pas que c’est toujours un individu ou un groupe d’individus qui tient à imposer cette façon de voir, cette illusion tenace ? J’appelle cela de l’égocentrisme, mais aussi du nationalisme ou du sectarisme. Dans les trois cas, il y a un danger énorme, celui de prétendre bâtir un paradis sur terre où les problèmes n’existeront plus. « Ils seront rejetés hors frontière, nous vous l’assurons »

Je sais que la liberté fait peur, car nos médias n’en montrent que les abus ainsi que le manque de responsabilité de tous ceux qui s’en servent à mauvais escient. Je ne veux pas discourir aussi sur les mérites d’un régime politique plutôt qu’un autre. Je constate cependant que lorsqu’il y a un Mur érigé par des hommes, il y a une prison, ou bien, comme nous le voyons en Israël ou à la frontière du Mexique, une illusion de sécurité.

Les murs séparent.

Ils sont la manifestation d’une folie perverse, d’un désir de pouvoir et de jouer au dieu qui sait tout, qui voit tout, qui contrôle tout.

La vanité dans toute sa gloire.

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