Aux prises avec le vertige, nous sommes bien mal aisés de nous conduire sans que rien paraisse. Une exultation nous empoigne d’aplomb, nous fige sur place. S’en suivent alors une sorte d’ivresse, de ravissement ou bien une peur panique et un affolement incontrôlé.
Le vertige nous blesse ou nous transporte.
Ce n’est pas le malaise, cet étourdissement en face du vide des hauteurs ou bien la maladie qui touche parfois à la vieillesse qui me préoccupe. Ce vertige-là appartient au corps. Il est bien réel en certaines circonstances et ne doit pas être pris à
C’est ce vertige qui vient me prendre et qui me déplace hors de ma raison et de son point d’attention habituel pour ensuite m’expédier corps et âme vers un autre état de conscience. Je ne le recherche pas. Il arrive. Il survient pourtant lorsque s’ouvre une fenêtre d’intention, lorsqu’il me prend de comprendre, de voir, de réaliser.
Je marchais à l’intérieur de
Ces milliers de livres, ce questionnement sur le sens du dérisoire, sur la signification du geste de l’écriture dans un monde de débordement de mots, voilà l’effroi de mon vertige.
À un autre moment, il m’est venu l’idée saugrenue d’embrasser l’éternité. Pourquoi se priver? Je songeai que cent milliards d’années — ce qui n’est tout de même pas rien, beaucoup plus en fait que la durée de notre propre univers selon les estimations relatives à la théorie du Big Bang — ne représentaient strictement rien, le temps d’un soupir en face de cette éternité. En fait, l’éternité ne peut s’évaluer sur la durée, mais qu’à travers le non-temps. Mais le non-temps n’existe pas pour la pensée humaine. On ne peut rien y faire! À moins, peut-être, de cesser de penser et d’accepter de vivre sans l’a priori du temps et de son frère l’espace.
Le vertige causé par l’insignifiance des cent milliards d’années m’a laissé pantois. Mais ce n’était rien pourtant devant la possible réalisation de cette conscience du non-espace-temps. Mon cerveau en a pris pour son rhume, un rhume de cerveau…
Dernier vertige récent :
J’étais étendu sur mon canapé du salon et une ivresse affolante m’agrippa les épaules. Je vais mourir! Je vais mourir! Le roi va tomber sur l’échiquier de la vie, car la mort ne saurait perdre. Le mat est assuré. Désespoir, absurdité, tristesse? Rien de cela n’apparut. Au contraire, le mystère m’a aiguillonné davantage
Ce mystère pose comme défi de jouer la vie sur le mode de la profondeur et du bonheur de
Cet autre vertige laissa sa marque, et s’il a disparu au moment d’écrire ces lignes, il ne pouvait sombrer dans
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire