27 mai 2009

Sortir le chien

Tous les matins, c’est le même rituel : au réveil, mon animal de compagnie s’est déjà réfugié dans le lit sous les draps. Je ressens sa nonchalance, sa manière un peu bougonne. Au moment de s’étirer, je lui découvre maints petits grognements, car ses articulations ne sont plus ce qu’elles étaient… Les mouvements sont lents, la mise sur pattes laborieuse.

Nous descendons ensemble au rez-de-chaussée pour le petit déjeuner et pour découvrir lentement qu’une nouvelle journée est née, qu’il faut donc la remplir dignement et si possible l’embellir.

Je ne fais pas de cachette avec mon compagnon et il le sait. À la longue nous avons fini par nous comprendre et nous apprécier. Je veux dire que dorénavant nous ne faisons qu’un, nous n’avons plus de secrets l’un pour l’autre.

Tenez, par exemple. À une certaine heure, je le surprends à frétiller, comme si un feu le consumait et qu’il fallait à tout prix l’éteindre au plus sacrant. Je comprends alors son impatience et son désir de bouger.

Allons sortir le chien, que je me dis!

Un peu rouillés sur le départ, nous filons bientôt aussi vite qu’une comète, trottinons gaiment, humons avec entrain les effluves de la ville et de ses rues. Au retour, repos bien mérité, légère bouffe et contemplation en silence sur le temps qui passe.

Lorsqu’arrive la nuit, je me défile de mon vieux compagnon. J’ai le goût de m’envoler, de méditer, de rêver. Je pars seul à la chasse aux merveilles, vers des temples lointains au sommet de montagnes inaccessibles. Cette solitude est nécessaire, mon compagnon le sait, mais jamais je ne l’oublie, je ne peux l’oublier, car nous forgeons un destin ensemble et nous nous acceptons à la vie, à la mort. Quand le matin resurgit nous nous revoyons heureux comme toujours. Et je reprends, serein, une autre journée dans la vie avec mon corps.

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