26 mai 2009

Jardin clos



Je dis ça de même. Heureusement, il y a de ces moments où nous pouvons nous retrouver seuls sans que cela n’en coûte à personne ; non pas pour fuir, non pas pour éviter des désagréments, seulement pour être seul, vivant, unique.

Heureusement, il y a aussi des endroits permettant l’éclosion de ces moments.

Dans son livre : L’homme sauvage et l’enfant, Robert Bly nous parle de l’importance du jardin clos et « plus généralement, de tout ce qui est fermé sur soi-même de manière intentionnelle ». Un lieu « que l’on réserve au travail sur soi-même ». Il mentionne aussi « que c'est un refuge contre le monde, ainsi qu’un lieu où reprendre confiance après l’avoir perdue ». Un lieu « où développer son introversion ». Ce jardin clos « évoque donc le cultivé opposé à l’inculte, le limité opposé à une sociabilité sans limites, les préoccupations de l’âme par opposition aux obsessions extérieures, la passion par opposition à la sexualité brute, et l’épanouissement des désirs de l’âme par opposition à une faim obsessionnelle et générale de posséder ».

Bly continue en affirmant « qu’au jardin, l’âme et la nature se marient. Quand nous aimons mieux cultiver que nous dissiper, nous sommes prêts à créer un jardin. Nous y cultivons l’ardeur ou la force du désir et sommes attentifs à ce que les désirs ont de microscopiques ». Il compare cela à un état amoureux où on célèbre toutes choses : « (…) la feuille a l’air plus belle, les phrases prennent un tour plus gracieux, les épaules paraissent plus ravissantes ». Enfin, l’auteur nous dit que « créer un jardin et y vivre, cela signifie faire attention aux limites. Car nous avons besoin de limites pour empêcher que tout ce dont nous avons la charge ne fasse entièrement intrusion dans notre vie et n’occupe tout notre temps ».

Je dis ça de même.

Ce peut-il que nous ayons honte de cultiver notre jardin clos? Ce peut-il, par voie de conséquence, que nous soyons arrivés au point où le dieu du devoir, ce dieu des marchés boursiers, des affaires, ce dieu des banlieues et des grands projets de développements soit maintenant le seul que nous honorions, car nous avons baissé les bras?

Soyons honnêtes. Je ne rejette pas les entreprises de qualité, celles qui apportent un plus, une facilité, un meilleur vivre à notre entourage. Je rajouterais même ceci qu’il est de bon ton de s’afficher contre tout (projets, développements, etc.), car ça donne l’impression d’avoir du sens critique. Et avoir du sens critique c’est évidemment faire preuve d’intelligence...

Mais tout de même…

Si l’on parle du grand fleuve Saint-Laurent, de Beaumont, de l’île d’Orléans, des lieux « cultes » au Québec, s’il en est, ne serait-il pas temps, justement, de respecter un tantinet la part de « jardins clos » possibles nous permettant de nous rapprocher un peu plus de nous-mêmes afin de vieillir en beauté tout en respectant cette âme que nous sommes?

Je pose cette question comme ça. Est-il possible de vivre sans Rabaska?

Est-ce bien? Est-ce vrai? Est-ce nécessaire?

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