25 janvier 2012

En fou ! Jeu !

Je me suis posé cette question : est-ce que tout est risible? Si oui, pourquoi cette indécrottable tendance à tout prendre au sérieux?

C’est une affaire sérieuse…

Un proverbe de la tradition juive nous dit ceci : "L’homme pense, Dieu rit !" Milan Kundera trouve ce proverbe admirable : « L’homme pense et la vérité lui échappe, nous dit-il, et plus les hommes pensent, plus la pensée de l’un s’éloigne de l’autre. »

Le plus risible est d’abord soi-même. Je me dois de me protéger de mes travers, de mes ambitions, de mes certitudes et mes peurs. Pour ne pas trop m’abimer, je me suis alors inventé un jeu. J’adore jouer. Ce n’est pas juste une détente, c’est pour moi un état d’esprit à cultiver, une aptitude à capter la trivialité des choses et les virer de bord. Le jeu consiste donc à me demander constamment : est-ce que tu te vois aller? Est-ce que tu t’appartiens? Est-ce que tu reconnais avoir pensé ceci ou cela? Pour la bonne raison qu’un sombre penchant m’entraine généralement en direction d’une paresse rédhibitoire qui ne se lasse jamais de me susurrer des mots doux, pour la bonne raison aussi que je ne peux m’empêcher de répéter ce que j’entends et recueille au fil de mes lectures, et pour la bonne raison finalement qu’il m’est difficile de ne pas me ranger derrière une autorité reconnue lorsque vient le temps de répondre à certaines questions.

Croyez-moi le jeu en vaut la chandelle.

Kundera nous dit avec beaucoup d’à propos : « L’art inspiré par le rire de Dieu est, par son essence, non pas tributaire mais contradicteur des certitudes idéologiques. À l’instar de Pénélope, il défait pendant la nuit la tapisserie que des théologiens, des philosophes, des savants ont ourdie la veille. »

Cette idée ne manque pas d’audace. L’auteur en fait son leitmotiv en ce qui concerne l’art du roman. Peut-on l’extrapoler pour ce qui touche la vie dans son ensemble? Je ne le sais pas.

Jouer c’est pour beaucoup se jouer du risque. Il y a comme un élément de folie à tenir en compte. Jouer la vie avec bonheur demeure-t-il donc possible? Surtout que la règle première stipule que nous n’en sortirons pas vivants… Je ne peux que répondre pour moi. Car il serait risible d’affirmer que tout ça est clair et que tous, d’une même voix, devrions entonner la même antienne. Ce serait me contredire et me prendre franchement au sérieux...

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire