27 avril 2011

La Réalité ou sa représentation...


« Le grand obstacle, c’est toujours la représentation et non la réalité. La réalité, on la prend en charge avec toute la souffrance, toutes les difficultés qui s’y rattachent – on la prend en charge, on la hisse sur ses épaules et c’est en la portant que l’on accroît son endurance. Mais la représentation de la souffrance – qui n’est pas la souffrance, car celle-ci est féconde et peut vous rendre la vie précieuse – il faut la briser. Et en brisant ces représentations qui emprisonnent la vie derrière leurs grilles, on libère en soi-même la vie réelle avec toutes ses forces, et l’on devient capable de supporter la souffrance réelle, dans sa propre vie et dans celle de l’humanité. »

Etty Hillesum, Une vie bouleversée.

21 avril 2011

Célébrer notre ignorance


« Il convient de célébrer notre ignorance. Il s’agit d’une forme de perplexité constituée d’émerveillement devant ce qu’on sait déjà, sans doute, mais surtout devant l’immensité et la profondeur de ce qu’il reste à découvrir, à chercher, même parmi les réalités les plus familières. »

Thomas De Koninck, De la dignité humaine.

18 avril 2011

Hypérion


Vous ne sortirez pas indemne de la lecture du cycle d’Hypérion de Dan Simmons. Cependant, je ne vous recommanderai pas cette lecture, car nous avons affaire ici à de la science-fiction, genre mineur de la littérature. Lire est inutile alors imaginez lire de la science-fiction… Ce n’est pas sérieux!

Dans la jeune vingtaine, je me suis intéressé à ce monde. J’ai lu le cycle de Dune de Frank Herbert. J’ai lu de nombreux ouvrages de Robert Silverberg, Isaac Asimov, Ray Bradbury, Arthur C.Clarke ainsi que d’autres écrivains qui ont tout même apporté leurs lettres de noblesse à ce genre littéraire. Puis je l’ai délaissé quelque peu. J’ai tout de même garni ma bibliothèque de nombreux livres de science-fiction et je les conserve encore, un peu par nostalgie, comme pour me rappeler que l’imagination demeure la faculté reine de tout être humain.

Je reviens à Dan Simmons. Huit volumes en livre de poche : Hypérion et la Chute d’Hypérion suivi d’Endymion et L’Éveil d’Endymion.

Un univers.

Un univers qui anticipe de façon tellement pertinente, précise et grandiose un futur possible de l’humanité pour les mille ans à venir qu’il ne détonnerait absolument pas dans le concert des prédictions de savants et humanistes reconnus.

Vous ne sortirez pas indemne de cette lecture, je peux vous le garantir!


13 avril 2011

L'étonnement


« Nous ne savons pas comment expliquer ni si l’on peut expliquer le fait que nous vivions sur cette merveilleuse petite planète, ou comment il se fait qu’il y ait ceci : la vie, qui fait toute la beauté de notre planète. Mais nous sommes là, et nous avons toutes les raisons de nous en étonner et d’en trouver de la gratitude. »

Karl Popper, À la recherche d’un monde meilleur.

10 avril 2011

"Les ailes du désir"


Dans son film, Les ailes du désir, le réalisateur Wim Wenders met en scène des anges qui veillent sur les humains en circulant parmi eux à différents endroits de Berlin juste avant la chute du mur. Nous les voyons en train de recueillir leurs pensées intimes, leurs monologues intérieurs. Ils écoutent attentivement et assistent au déploiement des vies qui se dessinent devant eux. Un de ces anges devient un jour si séduit et touché par la grâce d’une trapéziste qu’il désire à tout prix partager enfin une existence de mortel avec elle.  

Je tiens moi aussi à veiller (m’émerveiller), mais à l’envers de ce que font les anges dans le film de Wenders. Je suis curieux du trésor qu’apporte mon semblable à cette existence. Je désire le connaître et le partager avec lui à travers l'enchevêtrement des doutes et des douleurs, des cris et des rires, des propos absurdes, de l'aveuglement et de l’incompréhension. Ce trésor, c’est tout ce qui exprime une recherche de sens et de beauté, une recherche assoiffée de vérité.

J’ai souvent souhaité rencontrer l’autre dans ce qu’il a de plus vrai, d’unique et d’authentique. Par delà l’apparence et la cuirasse épaisse de l’égo, j’ai cherché l’essence, le noyau, la part intime de son être. C’est avec cette part que je désire entrer en communication, car le reste n’abrite que le superflue, un superflue qui inonde la personnalité de scories et de résidus et qui n’apporte que distractions inutiles.

Je demeure fortement convaincu qu’une vie réussie, pleinement réussie, ne peut que passer par le tamis d’une recherche constante de sens et de beauté, quels que soient les difficultés, les manques et les laideurs qui se profilent devant nous et auxquels nous sommes confrontés.

À quelques reprises, j’ai assisté à la détresse et à la confrontation avec l’abime de gens qui se voyaient devant une mort assurée en raison d’une maladie incurable. En d’autres occasions, j’ai aussi perçu le bouleversement de certains autres face à la mort d’êtres chers. J’ai pu alors trouver une part de vulnérabilité et de fragilité chez eux, qui se transformaient par la suite en une prise de conscience et une recherche profonde de sens.

Je me demande pourtant, en toute naïveté peut-être, pourquoi attendre l’arrivée d’événements tragiques comme celle de la mort ou encore celle de maladies graves pour enfin s’ouvrir un tant soit peu à une recherche sincère et approfondie de sens.

Pourquoi attendre?

Pourquoi attendre notre vieillesse pour nous poser quelques questions judicieuses? Pourquoi attendre que notre énergie soit à son déclin pour entamer l’examen et la contemplation de notre vie? Pourquoi attendre une fin alors que dès maintenant il est possible de créer du sens avec ces matériaux inépuisables que sont la beauté et l’amour?

Pourquoi attendre? Qu’est qui nous distrait tant et avec une telle force de notre obligation de sens?       

7 avril 2011

Imaginer

« Puissions-nous toujours imaginer! »

  Gaston Bachelard

Le berger de l'Être


« Le vivant, animal ou humain, apparaît dans l'étant [c'est-à-dire le donné banal, usuel et disponible]. Sous cet angle, l'homme est un étant parmi d'autres. Mais cela suffit-il pour penser l'essence de l'homme dans sa provenance? Non, dit Heidegger, car l'homme a le langage pour abri et doit répondre à la revendication de l'Être. La manière humaine d'être est ce qu'il appelle l'ek-sistence : il déploie librement son essence en tant qu'éclaircie de l'Être. Cette éclaircie est son monde. Certes l'homme s'expérimente comme personne ou comme sujet, mais sa dignité, sa grandeur est ailleurs, elle est dans l'extase devant la vérité de l'Être. C'est là qu'il est jeté. Il n'en décide pas. Son destin est de veiller sur la vérité de l'Être. Bien qu'il s'en tienne toujours, d'abord, à l'étant, il est le berger de l'Être. » 

Question III et IV , éd. Gallimard ( in site internet idixa. net)

Esprit de groupe


« Même un petit groupe est régi par un esprit de groupe, source de suggestion. Quand il est bon, il peut avoir de très bons effets, mais au prix de l’autonomie spirituelle et morale de l’individu. Le groupe renforce le moi… Le Soi, au contraire, est diminué et repoussé à l’arrière-plan au profit de la moyenne… Mais en raison du penchant notoire des êtres humains à se cramponner aux autres et à des “ismes” au lieu de trouver en eux-mêmes la sécurité et l’autonomie dont ils ont besoin avant tout, il existe le danger que l’individu fasse du groupe son père et sa mère et demeure alors aussi dépendant, aussi incertain et aussi infantile qu’avant. »

Carl Jung  
Tiré du livre : Psychothérapie, l'expérience du praticien par M-L Von Franz

6 avril 2011

L'acupuncture pour les nuls


Tout le temps, je me pose les mêmes questions : comment diable ça fonctionne, comment est-ce possible?

La première fois, je me suis rendu à mon rendez-vous juste après m’être tapé une douzaine de parties d’échecs en blitz avec un ami. Blitz veut dire ici des parties de cinq minutes chronométrées avec un pendule. Blitz veut dire vitesse, concentration intense, donc stress à son degré le plus déraisonnable, qui rend fou, ou presque.

J’étais donc tendu comme un cordon de sécurité autour du lieu d'un attentat lorsque je m’installai sur la couche pour accueillir ces petites aiguilles toutes mignonnes sur l’étendue de mon corps. On m’avait dit le plus grand bien de l’acupuncture. Je n’en doutais pas, mais j’étais dans l’expectative. Ouverture et curiosité, je me disais. Je me souviens en particulier d’une aiguille plantée dans le poignet ou la main et qui travailla très fort si je me fie à son acharnement à me creuser une vrille de douleur. Je le mentionnai à la thérapeute. Signe de grand stress, qu’elle me dit. Tiens donc!

Quand j’y retourne, c’est pour différents maux et problèmes qui vont et viennent. Je me fais humble, à l’écoute et aux bons soins de mon thérapeute. Je m’abandonne sans chercher à comprendre. Et ça marche!

Une proche connaissance me raconta avoir consulté un acupuncteur suite à un gros problème de constipation. Elle était enceinte. Elle se rendit à son traitement, le premier et unique. En sortant de la clinique l’effet escompté se produisit sans crier gare, et c’est de peine et de misère qu’elle eût juste le temps de mettre les pieds dans sa maison pour exprimer son profond soulagement…

J’ai demandé à mon « piqueux » quel fut le résultat le plus éclatant d’un traitement qu’il a déjà donné. Il me parla d’un couple qui essayait désespérément de faire un enfant. Les deux personnes subirent en même temps un traitement. Un seul suffit. La dame tomba enceinte subito presto. Que dire? C’est l’effet placebo, une intervention divine, un pur hasard? Je veux bien, mais pourquoi ne serait-il pas plus simple d’y voir le résultat d’un traitement efficace qui a fait ses preuves à travers les âges — depuis 5000 ans selon la tradition, 2000 ans selon les textes —?

Ça n’a pas de sens, disent les sceptiques et les scientifiques matérialistes purs et durs. Évidemment, si l’on considère l’humain comme une poche de terre animée par un ordinateur il y a lieu de s’interroger. Pourtant,  nous mentionne David Servan-schreiber dans son livre Guérir : « Dans les dix dernières années, les progrès de l’imagerie du cerveau en action ont démontré que la stimulation par les fines aiguilles d’acupuncture contrôle directement des régions clés du cerveau émotionnel. Une séance d’acupuncture aurait une influence directe sur l’équilibre entre les deux branches du système nerveux autonome. Elle augmenterait l’activité du parasympathique, le frein de la physiologie, aux dépens de l’activité du système sympathique, l’accélérateur. Elle favoriserait la cohérence du rythme cardiaque et de façon plus générale, permettrait de ramener le système à l’équilibre. »  

Suffisant pour convaincre ces mêmes sceptiques? Jamais. Comme nous dit l’auteur Louis Dumur dans ses Petits aphorismes : « Le souvenir des plus cruelles souffrances morales ou physiques est moins désagréable que celui de minimes piqûres de l'amour-propre. » 
  

5 avril 2011

Ô Liberté!


« Peu d'événements peuvent mieux illustrer les travers plus répugnants du genre humain que celui impliquant un pasteur chrétien brûleur de Coran et les foules musulmanes répliquant par le massacre. On voit ainsi se dévoyer l'une des grandes conquêtes de la civilisation occidentale, celle de la liberté d'expression. Pour contempler ensuite le naufrage de la ferveur religieuse dans un gouffre de vengeance et de mort. »

Mario Roy. La Presse