12 décembre 2011

Méditations sur la beauté


Quelques citations glanées du livre de François Cheng, Cinq méditations sur la beauté.

* (…) l’univers n’est pas obligé d’être beau, et pourtant il est beau.

* Je comprends d’instinct que sans la beauté la vie ne vaut probablement pas la peine d’être vécue, et que d’autre part une certaine forme de mal vient justement de l’usage terriblement perverti de la beauté.

* Et la beauté? Elle existe, sans que nullement sa nécessité, au premier abord, paraisse évidente. Elle est là, de façon omniprésente, insistante, pénétrante, tout en donnant l’impression d’être superflue, c’est là son mystère, c’est là, à nos yeux, le plus grand mystère.

* À mes yeux, c’est avec l’unicité que commence la possibilité de la beauté : l’être n’est plus un robot, ni une simple figure au milieu d’autres figures. L’unicité transforme chaque être en présence, laquelle, à l’image d’une fleur ou d’un arbre, n’a de cesse de tendre, dans le temps, vers la plénitude de son éclat, qui est la définition même de la beauté.

* L’Âme est « basse continue » de chaque être, cette musique rythmique, presque à l’unisson du battement de cœur, que chacun porte en soi depuis sa naissance. Elle se situe à un niveau plus intime, plus profond que la conscience, parfois en sourdine, parfois étouffée, jamais interrompue cependant, et qui, à des moments d’émotions ou d’éveil, se fait entendre. Se faire entendre et résonner, c’est sa manière d’être. Résonner, voilà le mot juste. Résonner en soi, résonner à la basse continue d’un autre, résonner à la basse continue de l’univers vivant, c’est sa chance d’être immortelle. « Chanter, c’est être », affirme Rilke. Existe-t-il pour l’âme une autre loi que celle-ci : « N’empêchez pas la musique »?

* Oui la beauté ne saurait jamais nous faire oublier notre condition tragique. Il y a une beauté profondément humaine, ce feu d’esprit qui brûle, s’il brûle, au-delà du tragique.

* L’art authentique en soi est une conquête de l’esprit; il élève l’homme à la dignité du Créateur, fait jaillir des ténèbres du destin un éclair d’émotion et de jouissance mémorable, une lueur de passion et de compassion partageable. Par ses formes toujours renouvelées, il tend vers la vie ouverte en abattant les cloisons de l’habitude et en provoquant une manière neuve de percevoir et de vivre.

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