29 octobre 2010

Dieu


Dieu.

Le mot est lancé, dans une conversation, dans un débat à la télévision, dans une discussion entre spécialistes.

Chaque fois je vois des sourcils se froncer, des bras se croiser et des cous qui s’enfoncent sur des épaules voûtées.

Dieu. Je lâche le mot et j’entends tout à coup le cliquetis métallique des fusils qui se chargent. Je ressens une barre rigide qui s’enfonce au creux des idées, des mots et des images. Je vois des militaires au garde-à-vous, des hommes puissants drapés d’autorité et de certitudes absolues se pavanant devant des foules ahuries.

C’est Dieu ça?

Un bébé, là. Je le prends dans mes bras et le regarde, fasciné. Je le regarde tout comme on contemple durant des heures la flamme d’un foyer, sans se lasser.Chaque fois mes sourcils s’élèvent devant le bonheur d’une réalité si simple. Je m’ouvre et me dilate, tout mon corps se décontracte et j’aurais envie de danser et chanter. Puis des larmes se glissent, car je comprends subitement la beauté, la grandeur, l’immensité d’un prodige sans qu’aucun mot ne vienne troubler l’atmosphère.

Mais Dieu!

J’ai une défaillance et mon cœur s’emballe. J’ai les yeux horrifiés devant la haine et la laideur. Je vois l’interprétation des hommes se profiler et je vois ces mêmes hommes s’illusionner devant l’inconnaissable. Qu’à cela ne tienne, le plus fort gagnera au jeu de la croyance, au jeu de la distinction!

Tout comme le politicien qui promet mers et mondes en ayant le mot « peuple » à la bouche dans chacune de ses phrases, la personne qui ose se prononcer sur la vie en prenant Dieu pour témoin ne mérite aucune attention. Ce que j’entends de sa part, c’est plutôt ceci : « J’ai des fréquentations particulières avec un être supérieur, MOI. Je négocie chaque jour avec le divin et connais son plan, car je me nourris de lectures pieuses et me recueille en des endroits réservés à l’élite spirituelle. » Infantilisme, orgueil insensé et diablerie méprisable.

Le désir de reconnaissance est tellement peu subtil qu’on s’étonnera toujours de son influence sur les consciences.

3 commentaires:

  1. j'ai pas pigé grand chose :-S

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  2. Moi non plus!!!ou veut on en venir

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  3. parler pour soi en évoquant dieu car on le sent là présent au fond de nous, c'est la foi et on l'a ou non. C'est pas une question d'être bien ou mieux placé c'est un ressenti.

    Quand au mélange indigeste, politique et dieu, je dis vive la laïcité.

    Remarquons qu'un bon religieux et un bon politique doivent avoir en commun, l'amour de notre sort commun et la capacité d'être désintéressé personnellement en engageant un acte

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