5 octobre 2010

Jongler avec l’espace, le temps et les étoiles.


Dans le parc ce matin, l’automne jouait comme un enfant. Il glissait ses couleurs dans les arbres et atterrissait à mes pieds avec des allures de feuilles enchantées. Le soleil dansait dans la rivière et sa lumière me parvenait toute fraiche, toute pimpante. Comme un temps renouvelé qui surgit du silence…

Je me suis dit que le moment semblait propice à un heureux présage.

Après quelques tours de piste, je grimpai une butte près des grands ormes et mon regard se jeta soudain sur une envolée de balles multicolores qui tournoyaient au-dessus d’un jongleur. Je m’approchai lentement pour ne pas déranger sa concentration. Son élan s’arrêta et j’en profitai pour lui signifier mon appréciation, le pouce en l’air. Il tenait dans ses mains un nombre de balles impossible, pas deux ni trois, mais bien sept. Il sembla ravi de lire mon étonnement après m’avoir fourni l’information. Il reprit sa routine et ses balles tournoyèrent à nouveau dans ce ciel d’automne comme de folles planètes autour de leur soleil. Mon ébahissement fut à son comble.

Jongler requiert attention, maîtrise et silence en soi même. J’ai souvent pratiqué avec trois balles et appris à faire quelques figures simples. J’ai senti maintes fois que la jonglerie s’apparentait à une forme de méditation profonde. Jongler demande de tout évacuer, de se libérer de toute préoccupation pour ne faire qu’un avec le mouvement dans l’instant présent.

La jonglerie est reléguée à un art de cirque; quelque chose d’inutile juste bon à émerveiller les enfants sous un chapiteau. Dommage. Je la verrais bien enseignée dans nos écoles afin d’aider les jeunes à se concentrer et apprendre à manipuler des objets dans l’espace. Et créer une beauté fascinante. Éphémère, mais fascinante.

Une fois, après avoir jonglé plusieurs minutes sans défaillir, oubliant mon corps, mes mains, oubliant jusqu’à ma vie plongée alors dans une période de problèmes insolubles, me retrouvant devant rien, le néant, je vis mes balles se mouvoir tout à coup devant moi par la seule force d’une intention inflexible. Je les imaginai ensuite s’envoler quelque part près des étoiles, conduites par ma volonté, puis disparaître dans l’infini.

Jongler est non seulement inutile, mais magique, en quelque sorte...

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire