24 janvier 2013

Humain fort fragile

«Nous sommes des êtres fragiles et la réalité sociale dans laquelle nous nous trouvons en tient fort peu compte, nous proposant au contraire un idéal de performance ou d’excellence. Une part de ce qu’il y a en nous d’humain est oubliée, comme si nous avions honte de notre humanité et des imperfections qui lui sont inhérentes, et que nous nous rêvions surhumains, dieu ou machine. Il en a d’ailleurs toujours été ainsi sur le plan collectif. L’idéal de sainteté puis celui de sagesse ont précédé l’idéal d’excellence, l’idéal d’aujourd’hui. Toujours l’humanité de l’humain est déniée, telle une tare. Ces idéaux détruisent l’être humain, loin de l’aider à se développer et à réaliser la puissance de son être vivant. En fait, il s’agit d’abord et avant tout de voir la réalité telle qu’elle est. C’est grâce à la vision qu’une solution allant dans le sens de la puissance de vivre peut concrètement se trouver ou  s’inventer au sein de la réalité telle qu’elle est. L’important est que la vision, même au sein de la répression, que celle-ci soit brutale ou douce, absurde ou  argumentée, demeure intacte, que, mieux encore, elle soit rendue plus vive, plus aiguisée par le défi ou l’épreuve. La vision de la réalité est plus puissante que toute injonction émanant de l’idéal.»

Pierre Bertrand, Cette vie en nous, Liber.

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