24 janvier 2011

Signes des temps...


Nathalie Portmann

Courez voir le film « Le cygne noir »!

Mais ne vous attendez pas à une comédie romantique et sentimentale ou à un divertissement rose bonbon facile à digérer. L’œuvre du réalisateur Darren Aronofsky dérange et assène un coup de poing direct au plexus qui risque d’en ébranler plus d’un.

Exacerbé par une situation hors de l’ordinaire, tenir un premier rôle dans un ballet, le personnage principal du film se transforme littéralement sous nos yeux, à l’image de la symbolique des cygnes blancs et noirs qui représentent le thème principal de la danse en question.

Dans la vie, ce personnage joué par Nathalie Portmann est un être tout en fragilité, timide, blanc comme neige et refoulé. Et ce qui n’arrange rien, la danseuse demeure encore avec une mère étouffante et « borderline » qui fait tout pour l’infantiliser et l’empêcher de s’épanouir.

Tous les ingrédients propices à un déséquilibre psychologique sont là.

Le personnage veut atteindre la perfection dans la danse, mais n’y arrive pas. C’est le nœud du problème. Elle peut danser à merveille le rôle du cygne blanc, comme lui mentionne son chorégraphe. Il n’y a pas de doute. Pourra-t-elle cependant endosser celui du cygne noir? C’est ce que le film nous dévoile.

Je ne sais pas si le réalisateur connaît Jung, le médecin suisse qui a si bien sondé l’être humain en profondeur. C’est lui qui a mis en évidence le côté sombre et nébuleux de notre être. Il l’a appelé « l’ombre ». Si cette ombre n’est pas reconnue et acceptée en nous-mêmes et pour ce qu’elle est, nous dit-il, elle n’aura de cesse de vouloir s’affirmer et pourra nous conduire, à notre insu, à des comportements aberrants, exagérés et incontrôlés. Tel projeter chez l’autre ce mal qui nous ronge méticuleusement, sans en prendre conscience.

Jung nous avertit aussi qu’il ne faut pas viser la perfection. Elle est inatteignable. Nous devons plutôt tendre vers la totalité de notre être. Ne refusant pas aussi notre humanité, ne nous mettant pas au-dessus d’elle.

C’est ce que cette fiction nous démontre avec maestria.
   

1 commentaire:

  1. Tellement bien dit! Moi aussi j'ai beaucoup aimé ce film. Comme tu le mentionnes, ce film montre bien l'importance de reconnaître en nous cette partie sombre. Cela nous donne de la force intérieure. Mais aussi, il importe de ne pas la laisser prendre le dessus. Cela pourrait nous détruire.
    Michèle A.

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