Je me tiens en bordure d’un
savoir à renouveler, en constant équilibre devant l’inconnu. Un matin je peux
me réveiller et, tout au fond de ma conscience, avoir l’intuition d’une
connaissance qui m’empoigne solidement. Qu’est-ce que c’est? Je ne le sais pas,
il y a quelque chose… Je sens l’arrivé d’une image, d’une enfilade de mots
cohérents qui tracent le chapelet d’une compréhension qui virevolte à
l’intérieur de mes pensées. Je suis en attente. Je sens qu’une compréhension se
forge. Il se peut qu’elle redevienne liquide en fusion, une lointaine
impression. Le temps n’est pas encore propice, je ne me fais pas assez
accueillant, il manque d’espace au sein de ma conscience. Le travail consiste
donc à m’ouvrir davantage à l’inconnu qui frappe à la porte.
Je redeviens chercheur de
perles.
Je m’ouvre et je cherche, car
je sais pour l’avoir mainte fois expérimenté que la vérité se présent nue, sans
enrobage, de la façon la plus humble, parfois si discrètement qu’un simple
manque d’attention suffit à la perdre de vue.
La vérité ne se laisse pas
charmer, il faut la mériter. Une ferme intention doit d’abord nous soutenir
puis il faut nous approcher discrètement, nous sommes à la chasse, nous
traquons, le gibier se sauve. Le silence et l’attention deviennent alors nos alliés
les plus puissants.
La vérité, il faut la
craindre. Elle possède le pouvoir de nous transformer. Nous aimons les distractions,
nous chérissons les opinions et affirmations qui nous plaisent et nous réconfortent.
Mais qui accepte de se transformer, de se changer en profondeur ou encore de se
réinventer? Et qui accepte de le faire dans la continuité? Jusqu’à la fin…
L’intention, la traque
silencieuse et la crainte devant ce grand inconnu qui n’attend que ces gestes
de soumission de notre part.
Il n’en faut guère davantage
hormis l’humble acceptation de la surprise toujours possible qui nous guette au
bout du chemin, à la dérobée, lorsque l’authenticité nous guide. Une prise au
menu, peut-être au moment où l’on s’y attend le moins ou en douceur et même
dans le tumulte, à petite dose ou à grande croquée mais jamais façonné à notre
image car c’est cette image même de soi-même qui demande à être transformée.
S’éveiller en se
transformant, voilà le défi. Le reste n’est que divertissement pour
intellectuel à la recherche de notoriété ou encore distraction raffinée surfant
sur la mode d’un psychologisme ou d’un ésotérisme populaire et passe-partout.
Se transformer, enfin, sous
la bannière de l’émerveillement d’exister, en relation étroite avec le vivant. « Savoir
qu’on est vivant est tout savoir », nous dit Christian Bobin. Ne serait-ce
pas là où se cache la vérité en définitive : dans la conscience que nous
sommes bien vivants et que toute recherche sérieuse en découle?
Une petite perle ton texte. Merci!
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