9 juillet 2011

Rouler

Tôt. Juste après l’effervescence matinale, après l’odeur du trafic. Ou avant, question de goût… Et peu importe d’ailleurs; est-ce qu’on se questionnait sur le moment opportun lorsqu’on enfourchait notre monture quand on était gamin?

Un coup partit, des ailes nous poussent. Une sorte de fièvre nous empoigne. Je ne parle pas de rouler pépère, nous avons quand même notre orgueil, mais là encore c’est une question de goût.   

« Rouler est un réconfort, un plaisir franc qui se boit cul sec », me confirme David Desjardins, maniaque de vélo lui aussi, de l’équipement, de sa mécanique. En ce qui me concerne, c’est maniaque de rouler à vélo, seulement de rouler, de trouver le juste rythme et le maintenir par la constance de l’effort. Juste ça et je prends mon pied, me réjouis.

Rouler, avancer à son rythme, comme l’écriture par exemple, loin de toute mécanique, oubliant le guidon, le siège, le shimano, oubliant le crayon, le papier, le clavier. Avancer avec le vent qui nous siffle aux oreilles, écrire en écoutant les mots s’égrener devant nous comme les kilomètres à parcourir. Il n’y a plus rien finalement, il n’y a que la béatitude d’être vivant et d’obéir sans honte à ce qu’on voit, arrimé au réel.

Pédaler nous accroche à un destin, celui d’avancer ou de retomber sur un sort non désiré.

Rouler à vélo est la vie, métaphore de la vie (et de l’écriture, encore) qui ne saurait se comprendre ou s’embrasser sans cet effort de mouvement, sans cette énergie libératrice en constante guerre contre l’inertie. Desjardins : « Le vélo ramène à l’essentiel : il n’y a plus de mensonge, tout est vrai. Le vent, la température, les côtes. Au bout du chemin, il faut revenir. Si on se perd, on doit retrouver la route. »

Rouler est aussi équilibre. J’apprends que la science n’a toujours pas trouvé d’explication au fait que le vélo ne tombe pas, qu’il tient en équilibre. Ça me rassure. L’équilibre n’a pas de mesure. Elle dépend des circonstances, de l’infini des possibilités qui se déroule devant nous pourvu que nous avancions. Comment prévoir tout ça, le répéter?

Rouler.


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