21 septembre 2012

Se faire des peurs


« Se donner des sueurs froides idéologiques, c’est un plaisir qu’on s’offre en regardant un film d’horreur. La politique permet de le décupler. On s’agite, on craint le pire, on s’imagine l’adversaire comme un monstre. Un peu plus et on y met la musique d’ambiance. On tweet. On tweet. Et on retweet. On lance des appels au peuple, et on rêve de lancer un appel aux armes. On se croit au bord du gouffre. On a le vertige. Et on aime ça. On parle à ceux qui ont peur comme nous. On se donne la frousse. Ne manque que le popcorn. Et parce qu’on ne peut pas toujours vivre sur un high idéologique, on finit par retomber dans le monde réel. On aura vécu une belle peur : celle de la fin du monde. On retournera chez soi. Heureux et fier d’avoir résisté à l’empire du mal. »

Mathieu Bock-Côté

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