13 août 2012

Ce qu’enseigne la rivière…


Je me rends souvent à vélo jusqu’à la rivière St-Charles qui serpente à travers Wendake, le village des Hurons près de Québec. Je pars tôt le matin, à la recherche d’une tranquillité que je retrouve chaque fois près des chutes Kabir Kouba. Je m’assois sur un talus d’herbes ou une grosse roche et là je regarde la rivière se dandiner les fesses devant moi…

Comme la flamme ou le regard d’un jeune enfant, la rivière hypnotise. Elle conduit au silence, à la contemplation.

Je m’enfonce. Les certitudes, les engouements, les emportements, tout ça diminue et finit par s’estomper, à se liquéfier au rythme des flots dans leur force mouvante.

Il n’y a pas à avoir peur, il n’y a pas à avoir honte de douter et de remettre en question ses attachements ou croyances, idées ou vision des choses. Cette pensée me vient à l’esprit, et son contraire me semble vrai aussi : il n’y a pas de honte à croire résolument. Ne serait-ce qu’en ses propres moyens, qu’en ses capacités à se forger un destin unique, un destin d’homme qui s’efforce inlassablement à devenir ce qu’il est. Croire est bon, est humain. Il importe cependant ne pas ignorer que nous croyons et de feindre que nous savons hors de tout doute. Les certitudes, les dogmes sont tenaces. Une fois en place, ils s’enferment sur eux-mêmes et se « trounoirisent » afin d’absorber tout ce qui gravite autour.

La rivière m’apaise. Au bout d’un moment, d’autres pensées viennent affleurer ma conscience. Elles surgissent tout en douceur, sans faire de bruit.

Tu ne sais rien. Mais ne tombe pas dans la crédulité afin de compenser cette ignorance. Sache seulement que tu ignores et ne fais pas semblant de connaître. Explore.

Ne prétends pas maîtriser la vie si tu ne sais pas même maîtriser tes propres pensées.

Sois bon.

Me vient finalement à l’esprit cette phrase de Dany Laferrière puisée dans son livre L’art presque perdu de ne rien faire. L’auteur raconte comment il aimait jouer avec les fourmis durant sa jeune enfance à Haïti, sa grand-mère le surveillant du coin de l’œil en se berçant sur sa galerie. Il écrit ces mots magnifiques, quasiment insensés : « Nous ne faisions rien de mal cet après-midi-là. Et c’est cela à mon avis le seul sens à donner à sa vie : trouver son bonheur sans augmenter la douleur du monde. »


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