19 mars 2010

Mon nom est "Personne"


Déjà, j’avais essayé de lire James Joyce, son Ulysse. Un monument, nous disent les critiques. Ce fut peine perdue et j’arrêtai aux environs de la page quinze, subitement contraint à remettre en question ma faculté de compréhension… et d’appréciation.

Ulysse a beau être un livre culte, je préfère demeurer inculte. Je réessayerai dans vingt ans.

Fernando Pessoa, c’est autre chose. J’ai lu la moitié de son livre fort énigmatique (pour moi) « Le livre de l’intranquillité ». J’ai peut-être saisi la moitié de cette moitié.

Pessoa (personne, en français) se fait de plus en plus connaître depuis qu’on a exhumé d’une malle 27543 textes après sa mort. La particularité de l’écrivain et poète portugais réside dans son hétéronymie. Il écrit sous plusieurs noms comme Alberto Caeiro, Berdardo Soares, Ricardo Reis, noms qui ont une telle présence, une telle force qu’il les détaille dans des biographies justifiant leurs différences. (Wikipédia)

Dans une lettre écrite en 1935 à Adolfo Casais Monteiro, il dit ceci : « Un jour je m’approchai d’une haute commode et, prenant une feuille de papier, je me mis à écrire, debout, comme je le fais chaque fois que je peux. Et j’ai écrit trente et quelques poèmes d’affilée, dans une sorte d’extase dont je ne saurai saisir la nature. Ce fut le jour triomphal de ma vie et je ne pourrai en connaître d’autres comme celui-là. Je débutai par un titre : Le Gardeur de troupeaux. Et ce qui suivit fut l’apparition en moi de quelqu’un, à qui j’ai tout de suite donné le nom d’Alberto Caeiro. Excusez l’absurdité de la phrase : mon maître avait surgi en moi »

Voici ce que j’ai retenu, entre autres, de ma lecture de son « Le livre de l’intranquillité » :

« Nous sommes faits de mort. Cette chose que nous considérons comme étant la vie, c’est le sommeil de la vie réelle, la mort de ce que nous sommes réellement. Les morts naissent, ils ne meurent pas. » p. 13

« Il est humain de vouloir ce qui est nécessaire, et il est humain aussi de désirer, non ce qui est nécessaire, mais ce que nous trouvons désirable. Ce qui est maladif, c’est de désirer avec la même intensité le nécessaire et le désirable et de souffrir de son manque de perfection comme on souffrirait du manque de pain. Le mal romantique, le voilà : c’est vouloir la lune tout comme s’il existait un moyen de l’obtenir. » p. 83

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