Une histoire que je savoure avec plaisir. Puisée dans le magnifique livre d’Henri Gougaud : Le livre des chemins. Son titre : Le pécheur.
Je la résume.
« Il vivait à Lublin, Pologne. Tout le monde le détestait. Il était pécheur, vicieux, inconséquent, haïssable et content de lui. Scandaleux et imaginatif, mais seulement dans l’art nocif du libertinage anarchiste. Et comble de l’indignité, pas le moindre remords. Jamais.
Un seul l’aimait sans la moindre réserve, celui que l’on nommait le Saint. Il l’accueillait à bras ouverts dans sa maison, il le traitait en grand ami, il lui faisait conter ses frasques et tous deux riaient de bon cœur en sirotant leur thé au miel. Les disciples de ce bon maître n’y comprenaient strictement rien.
Un jour, ils décidèrent de lui exprimer leur désarroi.
— Nous connaissons votre bonté, lui dirent-ils, mais de là à le recevoir comme un frère, n’en faites-vous pas un peu trop?
— Certes non, répondit le Saint. Moi, cet homme-là, je l’admire. C’est un pécheur, soit. Et alors? Pourquoi croyez-vous que le diable fait miroiter ses tentations, ses délices, ses illusions, ses faux bijoux au nez des êtres? Non point pour les voir succomber, mais plutôt pour les entraîner de remords en pesanteurs d’âme et de tristesse en dépression. L’angoisse qui naît du péché, voilà bien l’enfer véritable. Or notre homme reste joyeux malgré ses fautes, ses sottises. Il n’en fait pas des montagnes, et qui reste le bec à l’eau? Satan, l’empoisonneur de vie. Ce filou est une merveille. Dieu doit être content de lui! »
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