« Seul l’amour ou la compassion contient une énergie suffisante pour changer la réalité. Ce changement ne s’effectue pas à partir d’une idée, d’un idéal ou d’une idéologie, mais à partir d’une grande énergie joyeuse qui n’est rien d’autre que l’amour ou la compassion même. La joie ou le bonheur n’est pas le but ou la finalité du changement, mais la seule force capable de l’engendrer. Elle est au départ ou à la source, et non à la fin. C’est parce que nous éprouvons de la joie que nous pouvons changer quelque chose dans le monde, dans notre manière d’être, dans nos relations avec les choses, les objets et les êtres. Et non pas : nous devons changer quelque chose dans le monde afin d’éprouver de la joie. Un tel changement, précisément parce qu’il émane de la joie ou de la compassion, est effectif ou réel. C’est dans la vie même, dans les rapports aux autres, dans la plus concrète quotidienneté qu’il s’effectue. Certes, il passe souvent inaperçu. Il ne s’accomplit pas sur les devants de la scène, mais dans les coulisses de la vie. Il ne s’exhibe pas dans l’identité d’une œuvre, mais s’incarne dans l’inconnu d’une vie. Il n’est pas l’objet d’un programme politique, il n’est pas le fruit amer d’une utopie, mais une invention toujours nouvelle et imprévisible. »
Pierre Bertrand, Pour l'amour du monde, Liber.
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