À la radio, une émission avec
des spécialistes se penche sur la question de l’honnêteté dans
notre vie de tous les jours. On fait grand cas d’institutions, politiciens et
entrepreneurs qui se font une spécialité de déjouer le système pour encaisser
plus gros. Mais qu’en est-il de nous, simples individus et citoyens? Une lettre
est lue en onde. Une personne raconte avoir tellement été volée dans sa
vie qu’elle n’a plus honte, à son tour, de piger dans le sac et se permettre des
petites malhonnêtetés personnelles.
Je me souviens d’une
discussion autour d’une machine à café au bureau. Souvent les gens oubliaient
leur petit change, dix cents, vingt-cinq et même cinquante cents après la prise
de leur boisson matinale. Les suivants ramassaient le magot ou le laissaient
sur place. Un collègue me raconta qu’il prenait toujours l’argent en précisant
que « de toute façon ce n’est pas payant être honnête… »
Être honnête doit-il vraiment
être payant?
Il y a l’idée que nous devons
empocher à tout prix pendant que l’occasion se présente, l’idée aussi qu’il est
permis de tricher parce que tout le monde le fait et pour se montrer plus fin
et plus rusé que les autres. Un bon petit Bougon quoi. S’il y a un gain à
faire, on se pose pas de questions, la fin justifiant tous les moyens. Et puis il
y a le « thrill » de ne pas se faire prendre.
En deux occasions j’ai
assisté à des exemples d’adultes qui prêchèrent les « bonnes manières »
à des enfants dans le sport. Pour devenir des filous de première et s’en tirer
plus tard avec les honneurs, il faut commencer jeune à s’exercer.
J’ai été entraîneur au soccer
pour des jeunes de 8 et 9 ans. À ce niveau d’âge, la partie dure un temps
maximum, pas une seconde de plus. Quand le ballon sort des lignes de jeu, on le
récupère le plus rapidement possible et on recommence pour ne pas perdre de
temps. Jouer fairplay, c’est de ne pas faire exprès pour expédier le ballon très
loin hors des lignes lorsque le pointage nous avantage et qu’il ne reste que
quelques minutes à jouer. Un petit stratège qu’un entraîneur adverse employa tout
de même contre mon équipe lorsque nous perdions dans un match. Je l’ai vu dire à
un de ses jeunes de botter carrément le ballon en dehors des lignes en fin de
partie pour gagner plus facilement. Un bel exemple à donner, ce que je ne me
suis pas privé de lui dire en fin de rencontre, sans lui serrer la main ni le
féliciter.
Pour le baseball même
principe, la durée de la partie est limitée. Cette fois-ci, l’instructeur en
défaut était celui de mon fils alors âgé de 11 ans. Nous avions l’avantage dans
la partie et il eut la pas très subtile idée de demander à un jeune de faire
semblant de rattacher ses lacets de souliers et gagner du temps avant de prendre position
au bâton. Mon amour pour le sport organisé a pris fin cette journée-là. Ce
genre d’attitude m’a toujours dégoûté. Et, par ricochet, enseigner aux jeunes à
tricher a de quoi me laisser perplexe, faut-il le préciser.
Gagner à tout prix, voir à
court terme, empocher le plus possible quand la manne passe sans se soucier des
conséquences, est-ce bien la tendance actuelle?
Si le propre de l’humain en
société est d’agir par mimétisme uniquement, je ne donne pas cher de sa peau. Je
ne crois pas qu’il y a beaucoup d’avenir dans le « tout le monde le fait,
pourquoi pas moi ».
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