Quelques citations du
magnifique ouvrage de l’auteur Christiane Singer : « Où cours-tu? Ne
sais-tu pas que le ciel est en toi? »
* L’écho du logion 77 de
saint-Thomas : « Je suis partout. Quand tu vas pour couper du bois,
je suis dans le bois. Quand tu soulèves la pierre, je suis la pierre… »
Non pas : je suis le bois, je suis la pierre, mais chaque fois que tu es là,
vraiment là, absorbé dans la rencontre du monde crée, alors je suis là! Là où
tu es, dans la présence aigüe, je suis aussi. Être là! Le secret. Il n’y a rien
d’autre. Il n’est pas d’autre chemin pour sortir des léthargies nauséabondes,
des demi-sommeils, des commentaires sans fin, que de naître enfin à ce qui est.
* Dans tous les lieux habités
par la souffrance se trouvent aussi les gués, les seuils de passage, les
intenses nœuds de mystère. Ces zones tant redoutées recèlent pourtant le secret
de notre être au monde, ou comme l’exprime la pensée mythologique : là où
se tiennent tapis les dragons sont dissimulés les trésors.
Or notre société
contemporaine n’a qu’un but : éradiquer à tout prix de nos existences ces
zones incontrôlables—zones de brouillards, de gestation, zones d’ombre—et d’instaurer
partout où elle peut le contrôle et la surveillance.
En refusant la nuit, comme le
déplorait le poète Novalis, notre imaginaire collectif livre une guerre à mort
contre le réel et provoque la montée de tout ce qu’il voulait éviter : la
peur, le désespoir, la violence déchaînée, la recrudescence de l’irrationnel.
* La vie ne se révèle qu’à
ceux dont les sens sont vigilants et qui avancent, félins tendus, vers le
moindre signal.
* « Tu ne sais pas à
quel point tu ne sais pas ce que tu ne sais pas » (Rabbi Nahwan)
* La vie n’a pas de sens, ni
sens interdit, ni sens obligatoire. Et si elle n’a pas de sens, c’est qu’elle
va dans tous les sens et déborde de sens, inonde tout. Elle fait mal aussi
longtemps qu’on veut lui imposer un sens, la tordre dans une direction ou dans
une autre. Si elle n’a pas de sens, c’est qu’elle est le sens.
* Le monde menace de tomber à
en agonie si nous ne réveillons pas en nous cette faculté de louange. C’est l’intensité
qui manque le plus à l’homme d’aujourd’hui. Où est en nous le désir, l’ardeur?
Où est cet amour qui tient éveillé? Ce n’est pas l’ascèse, disait Hrabia, qui
fait que nous traversons la nuit sans dormir, c’est l’amour qui tient éveillés.
Tous ces êtres autour de nous qui se plaignent d’un manque d’énergie oublient
la ferveur.
* Le miracle de l’amour, c’est
d’être debout dans la nuit, plein de silence dans le fracas de l’insignifiance,
plein de louanges au milieu de la haine.
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