Je reluque les titres d’ouvrages que je
retrouve parfois au terme d’un livre dont la lecture m’a plu. Même si je suis
curieux de tout, je n’ai pas le temps de tout lire, ça va de soi. Je me
contente donc des titres et j’essaie d’imaginer la suite. Je me demande alors ce
qu’ils ont à raconter et pourquoi ils méritent d’être publiés.
Que cachent tous ces titres de livres?
Que viendraient-ils me révéler? Je ne le saurai probablement jamais. Je présume
seulement une inconcevable diversité qui illustre l’extraordinaire paysage
imaginaire de l’être humain ainsi que l’abondance des expériences relatées.
Le roman raconte l’existence. C’est sa
raison d’être. Je pense à Milan Kundera qui écrit ceci dans L’Art du
roman : « L’homme se trouve dans un vrai tourbillon de la
réduction où le monde de la vie s’obscurcit fatalement et où l’être tombe dans
l’oubli. Or si la raison d’être du roman est de tenir le monde de la vie sous
un éclairage perpétuel et de nous protéger contre l’oubli de l’être,
l’existence du roman n’est-elle pas aujourd’hui plus nécessaire que
jamais? »
Je suis pour cette diversité qui rend
compte du monde de la vie. C’est le propre du roman et le roman commence par un
titre. J’attends de ce titre qu’il me fasse fantasmer, à tout le moins, sans
même avoir lu le livre. Les titres augurent ainsi d'univers de possibilités,
de rêves et de folies.
Des exemples?
J’ai noté ceux-ci pour leur image et leur
force d’évocation : « L’homme-jasmin », « L’hameçon
d’or », « L’opéra flottant » ou encore « La mer couleur de
vin », « Le sanatorium au croque-mort », « La tempête et
l’écho », « Un, personne et cent mille ». J’ai aussi essayé de
voir où me mènerait de tels titres : « La feuille repliée »,
« Voyage de l’autre côté » et « Le dieu scorpion ».
Je me suis amusé moi-même à inventer des
titres comme « Un sombre héros » (imaginez un mexicain affalé sous un
soleil de plomb), « Saint-Immobile » (dans mon rêve, il y avait cette
personne qui pouvait se statufier pendant des heures et même des jours. On en a
fait un saint…)
Le tour de force serait d’écrire un roman
dont le sujet pourrait être ce personnage constamment à la recherche de titres
pour tous les romans qu’il n’écrira jamais. Je m’y attèle, mais il faut d’abord que
je trouve un titre...
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