« Hors de l’horloge et du calendrier, il y a le moment présent, l’occasion de la vision, et je suis là pour voir et pour y croire. Rien de plus, rien de moins. Si je lâche la plume, tout s’arrête : je ne suis vivant que lorsque je suis témoin. Et je suis témoin qu’en écrivant. C’est comme ça. L’attention ferme boutique dès que j’entreprends d’exister ailleurs et autrement que sur ma page, qui est un prisme, une boule de cristal, mon troisième œil. Si je m’arrête et lève la tête, je deviens nuage qui passe, mouche qui vole, vent qui souffle, chatte qui bâille, chardonneret qui voltige. Qui suis-je, au fond? Un guetteur, un pisteur, un espion et un mouchard : un écrivain. Pour le reste, je suis comme chacun, celui qui se met en file, obéit et espère ressortir vivant (et toujours capable de voir) des échauffourées quotidiennes. »
Robert Lalonde, Le seul instant, Boréal.
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