J’ai entendu et vu jouer du hautbois pour la première fois vers l’âge de 10 ans. Un instrumentiste de l’orchestre symphonique de Québec faisait la tournée des écoles de notre région. On nous rassembla dans la grande salle pour rencontrer le personnage et profiter de sa présence inusitée. Il se tint devant nous sans un mot et exécuta alors une mélodie qui nous envouta littéralement. Je me souviens que nous étions tous suspendus devant les notes, charmés tels des serpents. Cette musique me semblait tout droit sortir du ciel et me toucha comme une caresse à la fois délicate et enveloppante.
Depuis lors, j’ai maintes fois écouté le concerto pour hautbois de Mozart. Toujours, j’ai été ravi. Je n’oublierai jamais aussi l’effet produit par cet instrument lorsque j’ai visionné pour la première fois le film de Roland Jaffé, The Mission. La musique composée par E. Morricone valait à elle seule le prix d’entrée.
Ces souvenirs sont indélébiles. Et ils me reviennent à l’esprit lorsque je lis le compte-rendu d’une entrevue qu’a accordée Liang Wang à la presse lors de son passage à Québec pour un concert en compagnie des Violons du Roy. Liang Wang est hautboïste soliste pour le New York Philharmonic.
Selon lui, « la musique est en nous avant la naissance. Elle fait partie de l’âme. C’est la raison pour laquelle elle a le pouvoir de résonner chez les autres. »
C’est ce pouvoir de résonnement qui me frappe d’abord dans la texture du son du hautbois. Cette sonorité vient nous chercher dans ce que nous avons de plus profond, car elle est pénétrante. Elle touche l’âme de l’auditeur, elle le fait vibrer pour l’inciter à s’exprimer à son tour.
Je ne suis donc pas du tout surpris de lire ces mots que nous livre aussi ce jeune hautboïste de trente ans : « Pour moi, l'âme existe avant la naissance. Il est possible de connaître cette partie de soi qui permet de découvrir ce vers quoi on se sent appelé. Je ne suis pas religieux, mais je crois en la spiritualité. Je crois fermement en ce que je peux faire et en ce que je représente. Je ne pourrais supporter l'idée de n'avoir pas apporté ma contribution, de n'avoir pas donné toute la musique que j'ai en moi.»
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