Il y a des moments de reconnaissance dont je suis particulièrement sensible. Vous savez ces moments où vous dites en toute candeur : « Ah, pourquoi n’ai-je pas vu cela auparavant, comment est-ce possible? » L’esprit demeure quelques instants en suspend puis s’émerveille de nouvelles trouvailles. Des années de tâtonnements à côtoyer l’évidence n’y changent rien. C’est comme si notre conscience n’avait pas été encore prête à accepter la lumineuse clarté d’un fait qui saute aux yeux. Une illusion tenace masquait le tout. Un bon jour le brouillard s’effiloche et une vérité surgit toute simple, pleine d’une autorité que nul ne peut démentir.
Ces moments sont privilégiés, car ils nous aident à accepter notre ignorance, et admettre le caractère provisoire de cette même ignorance. Encore faut-il désirer ardemment la vérité. Encore faut-il accepter le doute et le cheminement dans la noirceur.
Notre enfance, pour peu que les conditions soient propices, baigne dans cet exercice constant: je ne sais rien, j'apprends, j'apprends, je ne sais rien... Surgit ensuite une pause, car il faut assimiler les connaissances, les faire siennes et s’imprégner de la culture ambiante.
L’enfant aime comprendre, aime créer. Ses yeux sont toujours grands ouverts. C’est plus tard que ça se complique, lors du choix d’adhérer à la conformité, d’adhérer à une croyance ou une idéologie. Les moments d’émerveillement diminuent alors comme une peau de chagrin, les certitudes l’emportent, l’aventure se termine, les mots se figent.
Comment faire alors pour retrouver notre « terra nova » et y expérimenter de nouvelles découvertes? Une recherche constante est-elle la réponse? L’amour de l’émerveillement est-il la solution?
L’âme voyage, suscite des expériences qui ont du corps et du chien, elle bouscule, se rebelle. Elle veut connaître et par-dessus tout se libérer. Elle veut le bleu du ciel et la profondeur de la mer. Elle veut la folie et les joies de l’amour. La normalité l’effraie, car s’arrêter ne fait pas partie de ses plans.
Elle veut l’infini et s’ébahir devant le silence de montagnes absolues.
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