«Nous sommes des êtres
fragiles et la réalité sociale dans laquelle nous nous trouvons en tient fort
peu compte, nous proposant au contraire un idéal de performance ou
d’excellence. Une part de ce qu’il y a en nous d’humain est oubliée, comme si
nous avions honte de notre humanité et des imperfections qui lui sont
inhérentes, et que nous nous rêvions surhumains, dieu ou machine. Il en a
d’ailleurs toujours été ainsi sur le plan collectif. L’idéal de sainteté puis
celui de sagesse ont précédé l’idéal d’excellence, l’idéal d’aujourd’hui.
Toujours l’humanité de l’humain est déniée, telle une tare. Ces idéaux
détruisent l’être humain, loin de l’aider à se développer et à réaliser la
puissance de son être vivant. En fait, il s’agit d’abord et avant tout de voir
la réalité telle qu’elle est. C’est grâce à la vision qu’une solution allant
dans le sens de la puissance de vivre peut concrètement se trouver ou
s’inventer au sein de la réalité telle qu’elle est. L’important est que la
vision, même au sein de la répression, que celle-ci soit brutale ou douce,
absurde ou argumentée, demeure intacte, que, mieux encore, elle soit
rendue plus vive, plus aiguisée par le défi ou l’épreuve. La vision de la
réalité est plus puissante que toute injonction émanant de l’idéal.»
Pierre Bertrand, Cette vie en
nous, Liber.
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