L’excitation monte. Les centres
commerciaux sont bondés. Je le sais, j’en arrive. J’aurais aimé m’y rendre au
petit matin, vers cinq heures disons, à un moment plus tranquille, mais je rêve… Je mettrais tout de même un billet de cent
que dans un avenir proche la majorité des magasins seront ouverts 24 sur 24.
Sur l'immense stationnement, le véhicule de
Second Regard, l’émission des « affaires religieuses » de Radio-Canada.
Des caméramans sont en train de filmer l’entrée des magasins. Les lieux du
temple ont bien changé, remplacés par la nouvelle Église du consumérisme et ses
cathédrales de la breloque. J’ai pensé qu’on allait probablement faire une
émission là-dessus.
En retournant à la maison, je me suis
posé cette question : quand serons-nous enfin rassasiés de ce dont nous
avons déjà à satiété? C’est l’abondance dans nos vies, nous le savons bien. C’est
même l’abondance du futile et du superflu, jetable à volonté. Et je me demande
si un jour une pause se fera puisque de tout temps l’homme a trouvé sa
satisfaction, son plaisir et son accomplissement dans ce qu’il ne possède pas
encore.
La grande roue du désir éternellement
insatisfait…
Puis il y a cette terrible équation dont
il est délicat de discuter, car elle est devenue une sorte de tabou du capitalisme :
j’aime dépenser pour acheter, puisque j’aime me faire plaisir, puisque j’ai de
l’argent, puisque je suis riche, puisque je suis intelligent, et je veux le démontrer,
parce que je suis quelqu’un de bien, ça va de soi!
L’autre jour, je me suis retrouvé dans un
Apple Store, juste par curiosité. Je me suis planté au milieu de l’entrée et
j’ai observé au moins une dizaine de minutes, comme figé au sol, non pas les
produits en vente mais la cohue et l’effervescence causées par les gens de tous
âges rassemblés et agglutinés autour de nouveaux gadgets technos. J’ai vu
l’avidité, j’ai entendu dans la tête d'adultes des « maman, je le veux, tous mes amis
l’ont! » Sidérant.
La méthode additive, pour se réaliser, a
encore beaucoup d’avenir. On aime s’identifier à ses possessions, et plus on en
a mieux on est.
Je n’ose même pas proposer d’essayer ça
avec la méthode soustractive.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire