Quelques citations glanées du livre de
François Cheng, Cinq méditations sur la beauté.
* (…) l’univers n’est pas obligé d’être
beau, et pourtant il est beau.
* Je comprends d’instinct que sans la
beauté la vie ne vaut probablement pas la peine d’être vécue, et que d’autre
part une certaine forme de mal vient justement de l’usage terriblement perverti
de la beauté.
* Et la beauté? Elle existe, sans que
nullement sa nécessité, au premier abord, paraisse évidente. Elle est là, de
façon omniprésente, insistante, pénétrante, tout en donnant l’impression d’être
superflue, c’est là son mystère, c’est là, à nos yeux, le plus grand mystère.
* À mes yeux, c’est avec l’unicité que
commence la possibilité de la beauté : l’être n’est plus un robot, ni une
simple figure au milieu d’autres figures. L’unicité transforme chaque être en
présence, laquelle, à l’image d’une fleur ou d’un arbre, n’a de cesse de
tendre, dans le temps, vers la plénitude de son éclat, qui est la définition
même de la beauté.
* L’Âme est « basse continue »
de chaque être, cette musique rythmique, presque à l’unisson du battement de
cœur, que chacun porte en soi depuis sa naissance. Elle se situe à un niveau plus
intime, plus profond que la conscience, parfois en sourdine, parfois étouffée,
jamais interrompue cependant, et qui, à des moments d’émotions ou d’éveil, se
fait entendre. Se faire entendre et résonner, c’est sa manière d’être.
Résonner, voilà le mot juste. Résonner en soi, résonner à la basse continue
d’un autre, résonner à la basse continue de l’univers vivant, c’est sa chance
d’être immortelle. « Chanter, c’est être », affirme Rilke.
Existe-t-il pour l’âme une autre loi que celle-ci : « N’empêchez pas
la musique »?
* Oui la beauté ne saurait jamais nous
faire oublier notre condition tragique. Il y a une beauté profondément humaine,
ce feu d’esprit qui brûle, s’il brûle, au-delà du tragique.
* L’art authentique en soi est une
conquête de l’esprit; il élève l’homme à la dignité du Créateur, fait jaillir
des ténèbres du destin un éclair d’émotion et de jouissance mémorable, une
lueur de passion et de compassion partageable. Par ses formes toujours
renouvelées, il tend vers la vie ouverte en abattant les cloisons de l’habitude
et en provoquant une manière neuve de percevoir et de vivre.
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