Il y a ce petit homme, pas plus de trois ans et peut-être
quelques poussières : trois ans, trois mois, trois semaines, trois jours…
Il joue sur la terre avec de petites autos en traçant des chemins avec ses
doigts comme il l’avait vu faire par ses frères et sœurs. Il s’amuse. Il ne
craint rien puisque sa mère est là, tout près, dans la maison, juste de l’autre
côté de la clôture qui entoure son terrain de jeu. Deux grands érables le
protègent du soleil qui se fait ardent en cette belle journée d’été.
Jusque-là tout va bien. Tout à coup le petit homme entend
comme un grognement sourd dans le lointain. Il tend l’oreille, cesse de jouer.
Des bruits de tambours! Une musique éclate ensuite quelques instants puis se
tait. Les tambours continuent de marteler l’atmosphère au rythme des dizaines
de fanfarons qui avancent comme des pantins mécaniques.
L’enfant prend peur. Ces tambours approchent pour venir
l’assommer puis le transporter loin de la maison, loin de sa mère. Ces
tambours-là sont des êtres maléfiques qui tuent!
Le petit homme pleure de toutes ses larmes. Il crie et veut
rentrer, la tempête fait rage. Sa mère finit par l’entendre et sort
tranquillement de la maison. Elle le prend dans ses bras pour le consoler.
La fanfaronnade s’éloigne, ses bruits de tambours, ses éclats
s’effritent. La peur s’envole elle aussi.
Depuis ce jour, le gamin sait distinguer la véritable
musique, celle qui réconforte, des prétentions de l’autre, celle qui assomme.
On ne dérange pas de son jeu sacré un petit homme de trois
ans et quelques poussières…
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